Pour sa première création en tant que scénariste, Cliff Chiang ne fait pas les choses à moitié puisqu’il s’occupe de tout (scénario, dessin, couleurs, lettrage (en VO)) ! S’emparant du personnage de Catwoman, l’artiste livre un récit original et dense qui démontre tout son amour pour l’univers DC Comics.
Dix ans après la Nuit du Fou qui a couté la vie à Batman, Nightwing, Gordon et le Joker, et bouleversé Gotham tout entière, la ville est désormais aux mains d’Harvey Dent ! Selina Kyle, qui a endossé ces crimes, sort de prison et doit trouver sa place dans ce nouveau monde ; mais aussi tenir une promesse faite à Batman avant sa mort.
Dark Knight Returns comme référence
Pour son récit, Cliff Chiang s’inspire clairement du Dark Knight Returns de Frank Miller aussi bien contextuellement que formellement. Gotham est une ville militarisée en proie à une forme de totalitarisme avec ses Batcops et sa classe politique corrompue, et les héros sont vieillissants et voient leurs capacités physiques amoindries par le temps qui a passé. D’un point de vue narratif, l’auteur choisit de présenter son histoire en 4 épisodes doubles et fait appel à de nombreuses reprises à des extraits de journaux télévisés pour faire avancer son intrigue. Mais si le propos de Frank Miller était très politique au travers des héros classiques, celui de Chiang se fait, de ce point de vue, plus en surface tout en incluant habillement des thèmes actuels comme le racisme, les violences policières, l’environnement, les discriminations.
Un hommage à la richesse des personnages DC Comics et en particulier à Catwoman
Cliff Chiang s’intéresse davantage à l’humanité de ses personnages qu’il choisit, non pas parmi les héros fameux mais dans la riche galerie de personnages secondaires, comme Edward Nygma ou Jason Blood. L’auteur bâtît des relations riches qui prennent le temps d’évoluer et apportent de jolis moments d’émotion. Mais Catwoman Lonely City est surtout une véritable déclaration d’amour à l’héroïne ! Au travers de flashbacks qui s’insèrent parfaitement dans le récit, Cliff Chiang revisite les différentes époques aussi bien graphiquement que dans ses relations avec Batman.
Un récit dense, surprenant et porté par une sublime partie graphique
Sa construction en 4 longues parties permet à Cliff Chiang de proposer un récit dense et plein de surprises – merci le Black Label ! Le caractère elseworld de l’histoire lui permet de jouer avec les personnages et il ne s’en prive pas. Comme la préface de Chris Conroy l’explique, l’auteur a énormément travaillé en amont, notamment la mise en page de son récit. Chaque planche est très travaillée, rien n’étant laissé au hasard. Aussi à l’aise dans les scènes plus intimes que dans les scènes d’action sur les toits ou dans les profondeurs de la ville, l’artiste livre un véritable récital ! Malgré le sérieux du propos, il choisit des teintes chaleureuses à la façon de la série animée de Bruce Timm pour un résultat bluffant !
Véritable déclaration d’amour au personnage de Catwoman, Lonely City est un récit dense, surprenant et porté par une partie graphique sublime ! Du grand Cliff Chiang !