Mazebook #1 (VO-Dark Horse Comics)

Mazebook #1
Date de Sortie
8 septembre 2021
Scénario & dessin
Jeff Lemire
Editeur
Dark Horse Comics
La note de ComicStories
9.5

Sorte de Shiva du script, le scénariste Jeff Lemire est capable d’écrire un nombre conséquent de séries simultanément, quelques fois au détriment de la qualité – on pense à notamment Family Tree. Lorsqu’il se charge également des dessins, l’auteur livre souvent ses œuvres les plus personnelles et intimistes et, de fait, celles qui touchent le plus les lecteurs. Mazebook coche toutes ces cases et propose une introduction des plus engageantes !

Jeff Lemire concentre son début d’histoire sur un homme d’une cinquantaine d’années probablement qui est hanté par sa fille disparue dont il ne parvient plus à se remémorer le visage. Dès les premières pages, le ton que l’on a tant adoré sur Royal City, par exemple, s’installe. Par une narration qui fait la part belle à la sensibilité, Jeff Lemire impose son personnage d’emblé, attachant et mystérieux. A travers ce qu’il veut bien nous dire et peut-être surtout par ce qu’il ne dit pas, le scénariste pose les bases de son univers qui intrigue et captive. Jeff Lemire décrit un personnage solitaire, déboussolé, marqué, qui peine à trouver sa place dans le monde dans lequel il vit – professionnel ou plus intime. Son quotidien n’est qu’une répétition d’évènements dont il est absent.

La famille, thème récurrent chez Jeff Lemire, se trouve, une nouvelle fois, au centre du récit. L’auteur n’est peut-être jamais aussi pertinent que lorsqu’il s’en empare. Le passé et les traumatismes viennent également semer leurs graines pour davantage de trouble.

Jeff Lemire travaille la narration graphique pour faire passer les émotions. Le quotidien morose du personnage se décrit en monochromie grisée, traduisant son état d’esprit. Mais lorsqu’est évoquée sa fille, la couleur surgit, avec vivacité. L’artiste pare également ses planches d’effets graphiques évoquant les liens, l’effacement, l’absence. L’imaginaire se mêle alors au réel pour évoquer les sensations. Les expressions des personnages, notamment les regards, bénéficient d’une attention particulièrement.

Du grand Jeff Lemire, tant au scenario qu’aux pinceaux !

Jeff Lemire inaugure Mazebook avec un épisode dans la droite lignée de ses meilleures œuvres. Sublime !

9.5
Points forts
Le ton sensible propre aux œuvres les plus personnelles de l'auteur
La partie graphique, partie prenante des émotions
La narration, entre dit et non dit
La famille, thème cher à Jeff Lemire