N°1 with a bullet (VF-Akileos)

N°1 With A Bullet
Date de Sortie
10 avril 2019
Scénario
Jacob Sehman
Dessins
Jorge Corona
Couleurs
Jen Hickman
Editeur
Akileos
Prix
17 €
La note de ComicStories
8

Éditeur de Giant Days ou des anthologies EC Comics, Akileos sait toujours dénicher des comics qui sortent des sentiers battus des superslips. Une fois encore, la petite entreprise bordelaise nous propose une mini-série en 6 parties qui aborde un thème très actuel : le harcèlement. Les créateurs Jacob Semahn et Jorge Corona ont choisi l’angle du thriller pour parler de ce sujet qui, de près ou de loin, touche à peu près tout le monde. 

Nash Huang est assistante d’un présentateur TV à succès. Forte de sa popularité, elle fait les beaux jours des réseaux sociaux. Mais un jour, une sextape réalisée à son insu sort sur le net. C’est le début de l’enfer pour Nash.

Jacob Semahn commence son récit en décrivant un monde des médias ultra concurrentiel, sans pitié pour son prochain et où l’image à plus d’importance que toute autre chose. Les réseaux sociaux sont au centre de tout et chaque image, vidéo ou commentaire peut faire basculer le destin d’un individu. C’est bien notre monde qu’il décrit. Son héroïne, jeune femme dynamique d’origine asiatique, est un peu la femme à tout faire de Jad Davies, le présentateur TV. Elle tente de faire une place à sa vie privée dans une existence où le temps est une denrée rare et précieuse. Le scénariste sait la rendre attachante dès les premières pages en la montrant dans des scènes diverses qui, à la fois, installe le début de l’intrigue et le personnage en compagnie de ses relations.

A la fin de l’épisode 1, le décor est planté, l’intrigue posée et le personnage principal, en place. On est parti pour un thriller parano rythmé qui va faire la part belle à son héroïne, qui va prendre de l’épaisseur petit à petit et se débattant au milieu de cette affaire de harcèlement. Ce sujet et les rebondissements qui lui sont liés sont exposés de façon classique mais l’ambiance et l’évolution de l’histoire permettent de maintenir une tension permanente. Tout en montrant bien tous les ressorts du harcèlement, le scénario n’est jamais moralisateur ou sur-didactique. Jacob Semahn traite en parallèle l’avancée de son intrigue policière et les états d’âme de Nash. Les dialogues sont percutants, proposant quelques répliques assez drôles. Néanmoins, l’introduction furtive de certains personnages qui réapparaissent beaucoup plus tard dans le récit crée une forme de confusion par moment. Rien de rédhibitoire toutefois.

Les personnages secondaires sont également bien croqués. Parmi eux, deux sortent du lot. D’abord, Jad Davis en star de la TV cynique et sans scrupule. Ne pensant qu’à sa propre personne, il incarne l’individualisme de notre société. Tiraillé entre l’affaire de la sextape et sa vie de famille disloquée, ce personnage prend de l’épaisseur par petites touches. Ensuite, l’inspecteur Grover, sorte de Columbo décalé mais efficace, amène un peu de légèreté.

Le rythme du récit est porté par la partie graphique de Jorge Corona. Sa mise en page variée et inventive, ainsi que son trait sec et dynamique subliment le scénario de Semahn. Ses dessins fourmillent d’idées graphiques. Si de nombreuses cases sont vides de décors, cela ne gêne pas l’immersion et les couleurs de Jen Hickman, aux tons chauds, sont très belles. 

Jorge Corona et Jacob Semahn ont concocté une série de couvertures assez sublimes. Akileos propose une édition de qualité. Si l’on regrettera quelques coquilles de lettrage avec des répétitions de mots, on apprécie le dossier, en fin d’ouvrage, constitué de témoignages liés au harcèlement. 

N°1 with a bullet est un polar qui traite du harcèlement sans en faire trop. Jorge Corona et Jen Hickman  proposent une partie graphique originale et marquante. Un comics différent à découvrir !
8
Très bon
On aime
Un théme actuel bien traité
Un suspens bien entretenu
Les personnages bien écrits
Les dialogues percutants
Les dessins de Jorge Corona et les couleurs de Jen Hickman
Les couvertures
L'édition militante de Akileos
On aime moins
Une certaine confusion par moment
Des coquilles de lettrage