L’annonce de l’arrivée de Newburn en VO fut porteuse d’un espoir assez fou tant son équipe créative faisait rêver ! Chip Zdarsky qui, s’il n’a pas fait que des chef d’œuvre en Mainstream, n’a jamais déçu en indé, et Jacob Phillips, véritable coup de cœur sur That Texas Blood – malheureusement, définitivement arrêté en France après un tome – et coloriste des polars du duo Brubaker-Phillips, constituait un combo assez magique ! Malheureusement, le début de l’arc avait laissé une impression un peu mollassonne à sa lecture VO. Fort heureusement, la lecture en volume collecté proposé par Urban Comics a permis de réévaluer fortement la série !
Easton Newburn est un détective freelance qui travaille pour les familles mafieuses de New-York afin de prévenir tout conflit qui pourrait embraser la ville. Mais il collabore aussi avec les forces de police en traquant meurtriers ou élus corrompus. Evoluer dans cette zone grise pourrait, à tout moment, faire vaciller ce fragile équilibre.
Chip Zdarsky imagine un personnage particulièrement intéressant par son ambiguïté permanente, toujours à la limite, et empli de zones d’ombre. L’écriture du canadien est remarquable et rend son personnage passionnant. Jouant habillement sur cette double collaboration avec les mafieux et les flics, il met en place un univers mystérieux et prenant. Zdarsky maitrise parfaitement les codes du polar et installe, dès le premier épisode, une tension grandissante. 
Chip Zdarsky a la bonne idée d’octroyer à Newburn une assistante à la forte personnalité et contrastant avec les caractéristiques du détective, bien caractérisé par la tenue d’un journal intime riche en considération. Passée la première moitié de l’arc, il creuse ce personnage secondaire, entremêlant intrigues en cours et passé trouble avec succès. Comme toujours, le scénariste fait preuve d’un sens aigu du dialogue avec des réparties qui délivrent toute la ruse et l’intelligence du personnage. Au final, difficile de lâcher la lecture de ce thriller addictif et redoutablement efficace.
D’autant qu’au dessin, Jacob Phillips démontre toute la singularité de son style. S’il propose une mise en page sans esbrouffe, il impose par des designs et des décors marquants l’ambiance inquiétante et parfois violente voulue par Zdarsky. Et comme toujours, sa patte de coloriste fait merveille avec teintes incroyables et ce style impressionniste habituel. 
Difficile de ne pas succomber au charme de Newburn ! L’écriture subtile de ce personnage aux larges parts d’ombre portée par la parfaite partie graphique de Jacob Phillips délivre un polar passionnant !