Omega Men ( VF-Urban Comics)

Omega Men
Date de Sortie
14 juin 2019
Scénario
Tom King
Dessins
Barnaby Bagenda, Toby Cypress, Ig Guarra, Jozé Marzan Jr
Editeur
Urban Comics
Prix
22,50 €
La note de ComicStories
8.5

Parue en 2015 pendant la période chaotique du DC You, Omega Men a connu une destiné particulière. Menacée d’un arrêt prématuré au bout de 6 numéros, la série bénéficia de 6 numéros supplémentaires, grâce notamment à un bon accueil critique. Elle constitue l’un des premiers travaux de Tom King qui s’associait à l’artiste indonésien Barnaby Bagenda.

Pour écrire cette série, le scénariste déterre une équipe de super-héros extraterrestres créée par Marv Wolfman et Joe Staton au début des années 80 dans la série Green Lantern. Bénéficiant, au fil des décennies suivantes, de deux séries, l’équipe n’est plus apparue depuis 2006 lorsque Tom King lance le projet.

Aux confins de l’univers, existe le système Vega, coalition de planètes qui s’organise autour d’un minerai, le stellarium, capable d’empêcher la destruction de ces mondes, sort qu’a subi Krypton. Mais cette coalition est dominée par la Citadelle, qui dirige d’une main de fer ces planètes. Un groupe de résistants, les Omega Men, lutte de façon violente contre la Citadelle. Kyle Rayner, le White Lantern est envoyé en médiateur pour sauver une paix de plus en plus fragile.

Omega Men est une histoire super-héroïque assez classique comparée aux travaux suivants de Tom King. Le récit est linéaire, fait de suspens et d’affrontements que l’on rencontre régulièrement dans les comics de super-héros. Néanmoins, les thèmes chers à Tom King sont déjà présents. Le récit met en jeu des rivalités politiques où l’oppression des uns et la résistance des autres constituent l’idée centrale. Le pouvoir corrupteur est également au cœur du propos du scénariste, notamment au travers d’un épilogue sans ambiguïté. L’idée des guerres absurdes et destructrices, aussi bien physiquement que moralement, est abordé via le conflit terroriste qui oppose la Citadelle et les Omega Men, alors qu’elle le sera, quelques années plus tard, de façon plus brute dans Sheriff of Babylon ou Mister Miracle. Au final, personne ne gagne réellement, du fait des moyens employés et des conséquences qui en découlent. Les tourments psychologiques affleurent chez Kyle Rainer, White Lantern frustré qui se pose moult questions sur son rôle. Ce brassage de thèmes apporte une densité et une force incontestables à Omega Men.

On reconnait les prémisses des constructions fétiches du scénariste. Le gaufrier 3 par 3 fait son apparition mais de façon ponctuelle. Tom King cherche encore les mises en page qui lui offrent les meilleurs effets. Son gout pour les exercices de style transparaît dans le prologue avec une vue de caméra fixe sur un otage et ses geôliers du début à la fin. Le décalage entre la voix off et la scène qui se déroule devant les yeux du lecteur est utilisé également dans un épisode.

Le rythme de l’ensemble des 12 épisodes manque néanmoins parfois de régularité, certains étant 100% action ou presque, d’autres beaucoup dans les échanges et les interactions. Si Tom King parvient à surprendre le lecteur avec des retournements efficaces, l’émotion attendue n’est pas toujours au rendez-vous. 

Graphiquement, Tom King s‘associe à Barnaby Bagenda, artiste indonésien dont Omega Men est le seul travail chez un éditeur mainstream. L’univers créé est assez original et varié dans ses designs bien que, finalement, peu de scènes se déroulent en extérieur. Certaines pleines pages sont très belles ! Son trait à l’encrage fin est, toutefois, loin des canons rencontrés chez DC Comics ou Marvel. Son apparente fragilité disparaît presque sous les couleurs sublimes de Romulo Fajardo Jr qui réalise un travail magnifique. Il parvient à donner une réelle puissance aux dessins de Bagenda. On en prend conscience lorsque Hi-Fi – bon coloriste, au demeurant – s’occupe à son tour des couleurs, n’octroyant pas la même force aux dessins. De même, lorsque Bagenda ne s’occupe pas de l’encrage, l’ensemble est là aussi moins bon. Quant à Toby Cypress, qui s’occupe d’un épisode, il ne tient malheureusement pas la comparaison.   

On notera également les belles couvertures de Trevor Hutchison façon affiche de propagande, d’une belle et grande force évocatrice.  

On salue l’initiative d’Urban Comics qui propose les 12 épisodes dans un seul volume pour le « petit » prix de 22,50 € !

Omega Men est un titre super-héroïque sur lequel un « jeune » Tom King imprime déjà sa patte. Mis en valeur, dans l’ensemble, par une belle partie graphique et malgré quelques défauts, ce titre brasse des thèmes intéressants et mérite clairement le détour !
8.5
Très bon
On aime
Les thèmes abordés
Les prémisses de construction de Tom King
Les couleurs de Romulo Fajardo Jr associées aux dessins de Barnaby Bagenda
Les couvertures de Trevor Hutchinson
Le prix et les 12 numéros collectés en un seul volume
On aime moins
Les dessins de Toby Cypress
Un rythme un peu irrégulier et parfois un manque d'émotion