Perspectives 2020 – VO

Alors que s’ouvre une nouvelle décennie, l’univers des comics mute à une telle vitesse que se projeter de quelques mois dans le futur, c’est déjà prendre des risques ! Mais rien ne nous fait peur à ComicStories ! Voyons ce qui nous attend et ce que l’on peut espérer de cette nouvelle année en VO !
Marvel s’appuie sur ses forces commerciales et artistiques

Hors de question de changer une formule qui gagne quitte à mécontenter une partie de son lectorat. L’éditeur a confié les clés de la maison au trio Donny Cates – Al Ewing – Jonathan Hickman.  Le premier va façonner un nouvel Event pour le milieu d’année prochaine dont l’excellent Absolute Carnage n’était qu’un amuse-bouche. Fort de sa nouvelle position à la tête de Thor et toujours maître de Venom, l’auteur devrait, comme à son habitude, proposer un projet palpitant. Mais le gros morceau, teasé depuis peu et introduit dans l’artificiel Marvel Comics #1000, est Empyre, co-écrit par Al Ewing et Dan Slott. Malheureusement, les premières informations diffusées laissent penser, qu’une nouvelle fois, Marvel va lâcher les chevaux en termes de one-shot Alpha, Omega, et compagnie (Kree/Skrull War) à 8 ou 10 dollars et en tie-ins en tout genre, impactant les séries régulières plus que de raison. Rappelons que l’éditeur avait annoncé qu’il levait le pied sur ces Events…De son côté, l’univers mutant, revenu dans le jeu grâce au palpitant Powers/House of X de Jonathan Hickman, met lui-aussi en lumière ce point noir de l’éditeur : la volonté d’inonder le marché quitte à sortir des séries qui s’arrêtent pitoyablement au bout de quelques numéros faute d’un lectorat suffisant. Après la belle promesse mutante de l’été, on attendait une relance de qualité. Mais au lieu de se concentrer sur deux séries hautement qualitatives, l’éditeur a choisi de mettre 6 séries sur le marché dont 4, au moins, ont une qualité contestable. Et l’annonce pour début 2020 de deux séries – Hellions et Cable – portées par des personnages qui n’ont pas un intérêt suffisant de la part des lecteurs, n’est pas de bon augure. Si la stratégie commerciale semble, pour le moment, fonctionner, elle n’est, artistiquement, pas satisfaisante pour le lecteur. Reste néanmoins, des séries régulières de qualité telles Immortal Hulk, Venom, Daredevil qui, espérons-le, sauront garder leur niveau de qualité actuel. Le lecteur devra faire des choix raisonnés sans se laisser piéger par la stratégie de l’éditeur.

 

DC s’égare et perd ses lecteurs

DC…ah…DC…où vas-tu ? Éparpillé aux quatre vents, l’univers de l’éditeur questionne et avance tel un poulet sans tête. Entre la branche que façonne Brian M. Bendis dans son coin, l’univers des vilains qui laugh du duo Snyder-Tynion IV et la tradition de Geoff Johns qui se livre froide, le lecteur a de quoi être perdu. Et quelque soit la trajectoire choisie, celui-ci a bien du mal à trouver de la qualité dans les séries régulières. Brian Bendis bouleverse tout sans vraiment s’occuper de respecter le passé, Batman s’est perdu sous la plume vide de Tom King, les Laugheries de Scott Snyder lassent et Geoff Johns a livré son histoire qui devait impacter tout l’univers avec deux ans de retard ! On peut compter sur James Tynion IV qui, lui, a su proposer une vraie bonne série avec Justice League Dark, et va reprendre Batman pour une grosse poignée d’épisodes (jusqu’au 100). Mais ensuite ? DC veut lancer son univers 5G (5ème génération) avec des héros qui ne sont plus ceux que l’on connait depuis des décennies. Marvel a essayé avec son All New Marvel…pour un résultat qui a conduit à revenir au statuquo initial. Peu probable que les « vieux » fans adhèrent et l’on sait que les nouveaux lecteurs ne se poussent pas au portillon. DC se cherche mais semble vouloir tenter une aventure qui a déjà échouée. Le lecteur pourra se tourner vers les mini-séries hors-continuité que l’éditeur affectionne depuis peu et où la qualité semble globalement être au rendez-vous –  non, Inferior Five, tu n’es pas bonne ! Sorties pour la plupart au sein du Black Label, elle pose deux problèmes : elles ne font pas avancer l’univers partagé et les singles sont souvent plus chers, risquant de laisser penser que 5 ou 6 dollars le single devient la norme. On ira toutefois jeter un œil curieux à la maxi-série de Tom King et Mitch Gerads : Strange Adventures, on poursuivra Wonder Woman : Dead Earth ou les séries de Jeff Lemire ! Restent, en marge, les séries Hill House qui apportent un nouveau souffle mais sont hors univers partagé.

DC saura sans doute rebondir mais cela ne semble pas être pour tout de suite, tant ses choix semblent être des impasses.

 

L’indé : plus que jamais stimulante !

L’indé reste le pôle le plus stimulant, surtout ces derniers mois avec l’éclosion de nouveaux éditeurs. Certes, Image reste le leader mais l’éditeur entre dans une période où la locomotive Walking Dead n’est plus. L’éditeur n’a pas encore trouvé le remplaçant, commercialement parlant, des Zombies mais les séries à la qualité indéniable sont bien présentes et se poursuivront en 2020 : Farmhand, Criminal, Ice Cream Man, par exemple. Undiscorvered Country devra convaincre sur la durée pour espérer obtenir le statut de successeur que l’éditeur a voulu lui concéder dès le n°1. L’éditeur pourra sans doute compter aussi sur la nouvelle série de Jonathan Hickman : Decorum, les retours de Die ! Die ! Die !, Bitter Root et Sex Criminals. Image porte également ses forces vers le format Graphic Novel puisque l’on verra la suite de l’excellent November de Matt Fraction et Elsa Charretier et le nouveau Brubaker-Phillips, notamment. Mais Boom ! Studios semble vouloir disputer ce rôle de numéro 1 à Image, avec ces dernières semaines, quelques-unes des séries les plus intéressantes du moment : Once & Future, Something is killing children, Folklords, …Viendra s’ajouter en 2020, Alienated de Simon Spurrier.

De son côté Dark Horse, livrera bataille avec Hidden Society de Rafael Albuquerque, Bang! de Matt Kindt, X-Ray Robot de Mike Allred, en plus d’Invisible Kingdom et des séries Black Hammer ! On aura sans doute le droit à une nouvelle vague TKO qui, après une deuxième volée un peu moins excitante que la première, méritera un œil attentif. De même que Ahoy avec Billionnaire Island de Mark Russel et Penultiman de Tom Peyer !

Mais un nouveau venu, pour le moment nommé Bad Idea, pointe le bout de son nez. Et le bougre vient fourbi d’armes créatives infaillibles : Joshua Dysart, Matt Kindt, Tomas Giorello, Lewis Larosa, notamment. Cette nouvelle maison sera dirigée par Dinesh Shamdasani et Warren Simons qui ont commis les premières séries Valiant de 2012 dont on se souvient encore avec émotion !

Le risque de faibles ventes pour ces éditeurs n’est pas nouveau mais il est encore plus prégnant avec l’arrivée régulières de nouveaux venus. Au lecteur d’être curieux et d’aller piocher ce qui est bon et qui lui plait chez ces éditeurs.

En cette période agitée où Marvel s’appuie sur ces Events qui finissent par lasser le lecteur et vider son porte-monnaie, mais aussi propose des séries régulières de qualité, où DC semble se chercher et ne trouve qu’un maigre salut au travers des mini-séries hors continuité souvent de qualité, où l’indé se déploie en tout sens au risque de s’éparpiller et de perdre rapidement ses éléments les plus faibles, il convient au lecteur d’être curieux, d’aller piocher ce qui vaut le coup et de ne pas se laisser piéger par ses habitudes de consommation qui le guide parfois vers des têtes de gondoles qui n’en valent pas la peine ! En tout cas, le marché bouillonnant du comics VO va nous occuper sérieusement en 2020 !