Promethea – Tome 1 (VF-Urban Comics)

Promethea - Tome 1
Date de Sortie
27 novembre 2020
Scénario
Alan Moore
Dessins
JH Williams III
Couleurs
Jeremy Cox, collectif
Traducation
Jérémy Manesse
Editeur
Urban Comics
La note de ComicStories
7

Après la réédition de Swamp Thing, Urban Comics s’intéresse à nouveau au travail d’Alan Moore en proposant une sublime édition de Promethea, après celle de Semic, aux débuts des années 2000. Les œuvres du britannique sont toujours très riches et possèdent, en général, plusieurs niveaux de lecture. Promethea n’échappe pas à cette règle et se révèle même l’un de ses travaux les plus difficiles à appréhender.

Lorsque Sophie Bangs a choisi son sujet de thèse — les différentes itérations de l’héroïne mystique Promethea —, elle ne se doutait pas que ce personnage de fiction allait devenir réel et que c’est elle, Sophie, qui deviendrait son nouvel avatar ! Parcourant les plaines d’Immateria, patrie des idées, des mythes et de l’imaginaire, cette nouvelle Promethea va rencontrer ses prédécesseurs mais également d’anciens adversaires comme Jack Faust, mage cynique et libidineux…

Promethea est une ode aux histoires et à toute forme d’imaginaire. A travers le personnage de cette jeune femme qui s’incarne en de multiples personnes liées de près à l’imaginaire au fil de l’Histoire, Alan Moore fait voyager le lecteur à travers la littérature, le conte, l’horrifique ou encore le fantastique, dans l’Immateria, monde où Promethea a ses pouvoirs. Prétextant l’initiation de Sophie Bangs aux pouvoirs de Promethea et à la rencontre avec ses ennemis éternels, l’auteur propose des histoires originales et riches mais aussi exigeantes pour le lecteur, qui devra accepter que tout ne soit pas toujours limpide, voire de temps en temps confus

En parallèle, Alan Moore façonne un récit à suspens dans le monde réel où Sophie Bangs doit faire face aux aléas de sa vie personnelle, entre sa mère irresponsable et sa meilleure amie, peu réceptive à ces nouveaux phénomènes, et doit également s’occuper de Barbara, hôte précédent de Promethea qui est en train de quitter la vie. L’ambiance urbaine assez violente permet à Alan Moore d’évoquer des sujets comme les médias et de faire des clins d’oeil plus ou moins ironiques aux comics. L’équilibre entre les histoires dans l’Immateria et ce récit rythmé et plus moderne fonctionne bien. Les neuf premiers épisodes forment une épopée originale que le lecteur suit avec intérêt.

Ce tome 1 se clôt sur trois épisodes qui interrogent davantage. Le n°10, centré autour du sexe tantrique, est d’un ennui profond et flirte, dans sa narration et son discours, avec le grotesque. L’épisode suivant, dessiné verticalement, s’il n’a rien de nébuleux, ne marque pas et le dernier, surchargé en texte, est extrêmement bavard et achève ce tome avec lourdeur.

 

Mais Promethea est également et surtout un tour de force graphique. Rares sont les planches qui ne bénéficient pas d’une mise en page élaborée et originale. Toute proportion gardée, on pense fréquemment, dans l’esprit, aux ornements et enluminures de parchemins anciens. Guidé par des scripts particulièrement détaillés d’Alan Moore dont on peut lire des extraits dans les superbes bonus proposés par Urban Comics, JH Williams III réalise des merveilles. Ses techniques sont en symbiose avec le récit d’Alan Moore, y compris quand il s’agit d’utiliser la technique du roman photo, pas forcément agréable à l’œil mais correspondant parfaitement aux nécessités du récit. Au final, l’artiste livre une performance époustouflante et marquante. 

Urban comics propose une édition superbe, dotée d’une très belle couverture et de nombreux bonus : Scripts et galerie de couvertures.

Ambitieux, original, époustouflant, confus, ennuyeux. C’est tout cela Promethea. Mais c’est surtout une œuvre hors du commun et portée par une partie graphique à couper le souffle. On ira voir le tome 2, curieux. 

7
Points forts
Riche et ambitieux
Graphiquement, époustouflant
Très exigeant, souvent
Points faibles
Très exigeant, souvent
Confus par moment
Un épisode de sexe tantrique ennuyeux à mourir et à la limite du grotesque
Les derniers épisodes, assez lourds