Avengers Hors série #1 (VF – Panini Comics)

Le narrateur est clairvoyant, ils sont perdus. Ils étaient perdus. Le seul but de ces nombreuses pages est donc simple, les retrouver. Le tournoiement de la quête identitaire en marche s’active autour d’un concept, l’héritage. Depuis des années, la passation est le préposé de l’éditeur. Les masques, les artefacts et capes se transmettent d’une génération vers l’autre. Les lignes se sont brouillées. Il faut retrouver une stabilité apparemment plus saine. L’émoi du numéro a une réelle importance. La réhabilitation des statues marbrées doit se faire, la sauvegarde de celles en argiles aussi ; et avec plus que moins de détails.

L’ossature du numéro s’articule sur une marionette de fils avec lesquels Aaron fait au mieux. Son numéro Generations entrouvrait une exploration préhistorique au Legacy. Les menaces célestes les ont regroupés dans un abrégé d’équipe de celle qui deviendra (et de ce que l’on pensait en savoir …). La réunion, l’héritage, s’est transmis du silex aux robots. L’ombre cosmique les recouvre encore, à présent. Aaron renoue avec un Sense of Wonder absent depuis la reprise par Waid. Un grandiose promis suffisamment crucial pour nous voir revenir.

La narration externe, d’une conteuse révélée en toute fin, relie la vengeance étalée sur toute une frise, d’une relation à l’autre, mais relie aussi la microhistoire à tout un univers vaste. Evidemment, les pages se tournent feuilletonnantes et l’impression de parcourir un catalogue prévisionnel est incontestable. A la différence d’un Point-One, Aaron réussit à écrire, à décrire et à prédire. Les entrevues répondent toutes au « que faire » demandé par la narratrice. 

Sur une unique page, tout ce qui est aperçu me fera y aller. Les brefs échantillons présagent de vraies idées continues avec ce qu’il y avait avant. Pas de rupture franche, mais une poursuite sur des rails (Grounded Cap sorti de SE, la prochaine chute d’Asgard, l’éveil de Stark, les bouffonneries de Spider-Man, la réécriture des Vengeurs, les deux qui font deux paires, les BAS Stellaires …). 

Marvel Legacy est bien ce numéro transitoire ascensionnel attendu. Aaron est pertinent dans son nouveau poste d’architecte d’intérieur en chef. La densité sincère ne dispense pas d’étourderies déplacées. Comme cette étonnante scène d’une trinité moderne qui semble se rencontrer pour la première fois, largement malmenée aussi par Steve McNiven méconnaissable. La géologie retrouve elle aussi sa place de chasse aux œufs favorite des personnages, motivée sans aucun doute par son explosion sur les écrans.  

Premier point, Point-One, analogie prévenue ou catalyseur catalogue ? Marvel Legacy est un truc étonnant. Avant tout, ce redémarrage pretexte ne convient pas à tout le monde. Celui qui aurait rendu les clés de la Maison depuis 2 ans sera rapidement mis à la porte. Jason Aaron ne fait pas dans l’accessibilité. Nous parlons bien d’une suite humectée d’une continuité chamboulée depuis le post Secret Wars. La récompense fond comme une sucrerie pour l’assidu. Ensuite, les guerres du feu, ou les guerres des armures, toutes ces générations méritent un développement sur la durée, et avec un bâtisseur tel qu’Aaron, la confiance est totale. Le discours de fond est le point relais idéal pour les réunir tous. Une communion par l’héritage mais surtout par un catalogue immense. Le véritable regret après la lecture concerne donc cet enchaînement de pages uniques qui nous indique le vers quoi. Mais, bien heureusement, ce qu’on nous y promet n’est pas en rupture. Toutes ces révélations participent à un entrain de retour. Marvel Legacy est un bon numéro ! 


L’avis de Boris – 3/10

Ce numéro Legacy est un gros catalogue d’annonces allant d’une page à onze interminables pages. Jason Aaron nous tease un certain nombre de futures séries dans des séquences dont le rythme d’écriture haché ne permet pas de s’immerger. De nombreux passages restent anecdotiques en raison de leur courte durée ou de leur faible intérêt. Pourquoi le scénariste consacre-t-il 11 pages à cette partie avec Starband et le Ghost Rider qui n’a rien de passionnante ? C’est interminable. Seuls le retour des Fantastic Four donne le sourire et les Avengers de la préhistoire intriguent. Si Aaron a voulu donner l’image d’un univers partagé en plein redémarrage, c’est raté. On dirait un puzzle dont les pièces ne s’emboitent pas. Reste la partie graphique, bonne dans l’ensemble. Si l’on se risque à la comparaison avec le DC rebirth, on est loin du compte. Le récit de la concurrence avait une cohérence et une force totalement absente ici. C’est une déception ! Cela n’empêchera pas d’aller jeter un œil aux futures séries mais pour un éditeur déjà en manque d’inspiration depuis plusieurs années, le ratage est total !