Eternal Warrior : la colère du Guerrier Eternel (VF – Bliss Comics)

Les publications Bliss Comics, menées par deux amoureux de l’éditeur Valiant, se poursuivent à un rythme soutenu mais dans un esprit de synthèse et une cohérence remarquable. Jamais l’immersion n’aura été si simple et dirigée, sans pour autant sacrifier les choix de lecture, la grande force de cet éditeur, rien n’est nécessaire, tout est suffisant. Néanmoins, cet univers n’est pas exempt d’une ligne claire, la guerre pour la force de la Nature qui lie les Géomanciens et leur protecteur, le Guerrier Eternel. Après The Valiant, préambule confus mais satisfaisant, et sa suite Book of Death, sortit fin avril de cette année, sorte d’épilogue médiocre à l’affrontement des Géomanciens, premier vrai faux pas du catalogue d’habitude vaillant, le Guerrier Eternel ressuscite dans une série d’une rage divine, jouissive. Bien que cette intégrale soit abordable pour tous, un suivi des deux sagas précédentes sera nécessaire pour l’appréhender au mieux. 

La mort du Guerrier Eternel achevait Book of Death, qui se voulait dramatique, mais seul le caractère anti-climatique m’avait marqué, comment ressentir une once de chagrin envers un personnage éternel ? Ma plongée dans les limbes qui s’en suit c’est finalement révélée passionnante, brutale mais surtout poétique, car c’est certain, le lyrisme de certaines planches est ravissant. Une fois passé de vie à trépas, Gilad est en fait projeté dans une sphère spatiale hors du temps, à la frontière du réel, aux abords désertiques des Enfers, dans laquelle il retrouve sa famille disparue au cours de l’Histoire. C’est donc au travers de ces simili de moments familiaux, de partage, que Gilad se ressource, se construit au cours des siècles, avant de repartir inlassablement vers le monde des Mortels. Venditti fait preuve d’une authentique finesse avec des échanges parfois durs, parfois doux, parfois aimants entre cette maisonnée anachronique, cette sincérité se trouvera parachevée dans une double page finale magnifique. Pour autant la défouraille n’est pas en reste, nous avons à faire à un guerrier, le plus grand de l’histoire. 

L’ultra violence omniprésente n’est jamais gratuite, sert l’intrigue et participe largement à la qualité immédiate du titre. Que ce soit des hordes de démons et leur lieutenant infernal, ou de simples humains, Gilad est impitoyable et n’hésite pas à découper, trancher, taillader, charcuter … Pour la première fois depuis The Valiant maintenant, la rage toute puissante du personnage transparaît véritablement dans une succession de planches jubilatoires, appuyée par une équipe artistique aux talents certains et personnels. Raul Allen avec ses compositions, voire son trait, proche d’un Frank Quitely, ou encore, à l’opposé, le style surchargé de Rosé Ryp. D’ailleurs, si celui-ci m’avait débecté sur le premier tome de Ninjak, ici, son foisonnement artistique sied à merveille à la surenchère d’hémoglobine. Vous l’aurez compris, graphiquement le titre survole la production Valiant, à ranger aux côtés de Rai et le talent de Clayton Crain. 

On pourra cependant regretter un ventre mou en milieu de tome. La faute à une intrigue regroupée sur quelques numéros qui vient freiner l’envolée précédente. C’est d’autant plus dommageable que les pistes lancée ne seront pas suivies dans cette intégrale, bien qu’une future sortie autour de ces questions verra le jour rapidement. Mais cette baisse de régime n’a pas suffi à saboter mon plaisir de lecture, au dernier tiers dantesque. L’édition est toujours soignée, chapitrée, avec de nombreux bonus et couvertures. 

Aux frustrés du Guerrier Eternel, ou aux amoureux du personnage, vous avez avec cette intégrale de 14 numéros un lecture indispensable. Le scénariste mixe adroitement un ensemble de thématiques pour servir des enjeux grandioses. La colère du Guerrier Eternel s’impose déjà comme une sortie majeure de l’année, à la qualité éditoriale impeccable. 

 

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