Puta Madre (VF – Ankama)

Comme les albums précédents de Mutafukaz il n’est pas évident de classer cette intégrale de Puta Madre : auteurs français, éditeur français, pas de super-héro mais un titre qui est d’abord paru en 6 singles (format comics souple) pour ensuite être rééditer, le mois dernier, dans une intégrale (format comics rigide). Bon et puis mon libraire classe ces BD au rayon comics, alors comics ce sera !

Autant vous prévenir, ce comics a été pour moi une porte d’entrée dans l’univers Mutafukaz, et plus généralement dans le Label 619 (la branche « urbaine » des éditions Ankama) puisque je n’avais, jusque-là, jamais lu de titre de ce fameux label.  Les DoggyBags m’avaient fait de l’œil à de nombreuses reprises, mais pas suffisamment pour que l’acte d’achat se fasse. Peut-être le fait que ces BD/comics soient au croisement de différents genres, mais plus certainement en raison des dessins souvent particuliers avec des styles très fort (et donc à double tranchant : on adhère ou pas).

Tout cela pour dire que cette review est faite à la seule lecture du comics Puta Madre, sans prise en compte de tout le background Mutafukaz (et background il y a) étant ici en présence d’un spin-off de Mutafukaz.

Le comics démarre sur le personnage de Jesus, alors âgé de 12 ans, qui va être accusé du meurtre de son petit frère (toutes les preuves l’accablent) et envoyé en prison. Les 6 singles composant cette intégrale de Puta Madre vont nous montrer l’évolution de Jesus et nous permettre de constater les répercussions qu’aura ce passage en prison sur sa vie.

Le scénariste, RUN, fait évoluer son personnage principal dans une Amérique profonde où la crasse et la pauvreté son le quotidien de tous. Le bonheur et les belles choses n’ont pas droit de résidence, et les rares fois où elles font une apparition on sait que cela ne sera qu’éphémère. RUN n’épargne rien à son personnage principal et n’a de cesse, tout au long du comics, de le confronter à des situations assez difficiles. L’intérêt principal du comics réside d’ailleurs dans ce personnage de Jesus qui reste, dans le fond, quelqu’un de gentil mais qui n’a d’autre choix que de se construire une carapace afin de faire face à toutes ces épreuves que la vie dresse contre lui.

L’autre intérêt du comics est donc la plongée faite dans cette Amérique avec, dans chaque single constituant cette intégrale, un éclairage fait sur un thème précis composant l’une des facettes de cette société américaine: la délinquance juvénile, l’univers carcérale, le monde des bikers… Au travers de l’histoire de Jesus, RUN parvient à aborder différents sujets sociétaux. Le tout est vraiment très bien renseigné et, l’air de rien, on en vient à apprendre pas mal de chose. J’ai trouvé cet aspect des comics super captivant et très bien réalisé (je me suis même surpris à approfondir certains thèmes par des recherches Google).

Pour la partie dessin c’est Neyef qui s’y colle et, on en revient à ce que je disais plus haut : le style est particulier, donc cela risque d’en rebuter quelques-uns. Il y a un vrai côté graffiti qui colle parfaitement avec l’univers de ce comics et cette branche « urbaine » d’Ankama. De plus le trait va finalement bien avec cette édition de comics façon pulps indé. J’ai particulièrement apprécié le travail fait sur les tatouages des personnages. Ces tatouages jouent un rôle essentiel au sein des gangs et on sent toute l’importance qui leur a été apportée.

Côté édition, cette intégrale n’a pour seul intérêt que de réunir en un seul volume les différents singles (qui sont sans doute maintenant difficile à trouver). N’espérez aucun bonus particulier, de même côté prix cela permet « seulement » une petite économie de 3€50 par rapport à l’achat séparé des singles. Singles qui avaient pour eux l’avantage de présenter de très belles couvertures (que ce soit le dessin ou l’impression en relief du titre). Ce sont d’ailleurs ces couvertures qui m’avaient tapé dans l’œil, je trouve que celle choisie pour la version intégrale est bien moins percutante.

Encore novice du Label 619 et de l’univers Mutafukaz ce Puta Madre a été une très bonne introduction à ces comics. Il s’agit d’un one-shot et histoire se suffit parfaitement à elle-même, bien que je dois reconnaître que cela m’a donné envie d’en lire plus sur cet univers. J’ai parfois senti à la lecture que certaines références, faites à l’univers Mutafukaz, m’échappaient, mais cela n’a jamais été gênant. Autrement dit, ce comics se destine tout aussi bien au profane qu’aux fans de Mutafukaz.

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