The Sentry (VO-Marvel)

The Sentry est un personnage assez méconnu de l’univers Marvel. D’abord modèle de robot puis « costume » revêtu par différents humains, c’est aujourd’hui Robert Reynolds. Super héros surpuissant, il est condamné à voir réapparaitre à chaque utilisation de ses pouvoirs un double maléfique The Void, issu de son subconscient et tout aussi puissant que lui.

C’est Jeff Lemire qui a lancé une nouvelle série sur le personnage, d’abord ongoing puis ramenée à 5 épisodes !

Robert Reynolds doit se téléporter chaque jour à un horaire précis dans une dimension de poche, crée par Doctor Strange, où il peut redevenir The Sentry et y affronter The Void. Ses victoires contre cet ennemi doivent permettre que ce dernier ne revienne pas dans le monde réel, le gardant en quelque sorte en cage. Dans le monde réel, Reynolds est un cuistot désabusé qui travaille dans un fastfood en compagnie de Billy et Jenny, ses anciens sidekicks. En rentrant un soir, le communicateur permettant de l’envoyer dans la dimension de poche disparaît.

Habitué aux personnages à tendance dépressive, Jeff Lemire décrit efficacement le désarroi et la frustration du personnage et de ses acolytes.  Leur quotidien morne a pris la place d’une vie de héros. Contrastant avec ces journées grises, les scènes se situant dans la dimension de poche sont écrites dans le plus pur style super héroïque avec moults discours ampoulés du vilain et bastons brutales. A travers des interactions entre personnages bien construites, Lemire bâtit une intrigue qui tient le lecteur en haleine. Plusieurs twists habiles créent une vraie bonne tension. De ce point de vue, les trois premiers épisodes sont excellents. Le quatrième et surtout le cinquième épisodes basculent dans une histoire davantage classique basée sur l’affrontement entre le héros et un nouvel adversaire. La libération du héros de sa cage psychique en s’associant à son double, crée une sorte de monstre invincible dont on ne sait de quel côté il peut basculer. L’ensemble n’est pas inintéressant mais la fin semble bien rushée. Est-ce la faute de l’éditeur, qui a décidé de stopper les frais, ou du scénariste qui a souhaité mettre un terme à la série, peu importe, l’histoire en pâtit et c’est bien dommage. Au final, Jeff Lemire a écrit une histoire plutôt bien fichue mais qui laisse un gout d’inachevé.

Les dessins sont assurés pour les quatre premiers épisodes par Kim Jacinto qui a de nombreuses qualités…mais aussi quelques défauts. Ajoutée à la colorisation de Rain Beredo, sa patte est très efficace dans les scènes de dialogues. Son trait sec et sa mise en page traduisent bien le désarroi des personnages. Néanmoins, certaines expressions reprises plusieurs fois ne correspondent pas toujours aux dialogues. Des bouches grandes ouvertes à répétition marquent également un manque d’originalité dans les sentiments des personnages. Ses scènes d’action sont efficaces, dans un style super héroïque classique. Joshua Cassarra présent sur le dernier épisode a un trait moins original mais qui fonctionne bien dans cette fin pleine de baston. 

The Sentry fait ressortir tout le talent de Jeff Lemire pour décrire des personnages désespérés et torturés mais la raccourcissement de la série à 5 épisodes provoque une fin très rushée. Dommage.

7.5
Bon
On aime
Un traitement des personnages intéressant
Les dessins de Kim Jacinto...
On aime moins
...malgré quelques défauts
Une fin précipitée