La plongée au cœur de cette famille où tout ne roule pas sur des roulettes nous avait ravis dans ses deux premiers tomes. A la fin du premier tome débarquait Greta, une jeune fille qui annonçait à Patrick, le plus grand des frères, être sa nièce. Absente du tome 2, elle ressurgit au début du tome 3 et son arrivée va bouleverser les agissements de plusieurs membres de la famille et de leurs proches. Chacun va devoir faire face à ses contradictions et ses mensonges.
Comme il l’écrit dans la postface, Jeff Lemire, qui avait prévu une série plus longue, a senti à l’épisode #10 que sa série approchait de sa fin. C’est donc, pour le lecteur, le moment des révélations. Le scénariste explicite les motifs qui ont conduit à la disparition de Richie. Assez onirique dans son expression graphique, cette séquence se révèle riche en émotions et tout à fait satisfaisante. En parallèle, les membres de la famille en viennent à rompre avec le passé et à se rapprocher. On est alors dans la chronique familiale classique que Jeff Lemire sublime par son écriture touchante.
Jeff Lemire maitrise à la perfection les symboliques. Que cela soit par ses idées scénaristiques comme le lien qui se crée entre Greta et Richie par l’intermédiaire du Walkman et de la musique ou par ses idées graphiques comme la disparition des différents Richie dans la rivière. Ce talent d’écriture permet au scénariste de clore son histoire avec une douceur imagée assez remarquable.
Aux dessins également, Jeff Lemire sait aussi toucher le lecteur par ses compositions et ses pleines pages remplies de sens et d’émotions. Son trait qui pourrait paraitre fragile s’accorde totalement avec le ton de la série. Les couleurs pastels fonctionnent également parfaitement.
