Sale Weekend (VO-Image Comics/VF-Delcourt)

Sale Weekend
Date de Sortie
18 mars 2020
Scénario
Ed Brubaker
Dessins
Sean Phillips
Couleurs
Jacob Phillips
Editeur VO
Image Comics
Editeur VF
Delcourt
La note de ComicStories
9

Ce court récit d’une grosse cinquantaine de pages est en fait un arc en deux parties de la série Criminal de 2019 par Ed Brubaker, Sean Phillips et Jacob Phillips. Les épisodes #2 et 3 de la série constituent cette histoire intitulée Bad Weekend en VO et réunie en format collecté par Image Comics. Le succès critique et public de cet arc a conduit l’éditeur et les auteurs à proposer ce format non prévu initialement. 

Hal Crane est un ancien dessinateur de comics désormais rangé. Une convention décide de lui rendre hommage en lui remettant un Award. Son ancien assistant, Jacob, qui garde un souvenir mêlé de haine et d’admiration de son ancien mentor, est contacté par la convention pour lui servir de guide. Mais les plans prévus ne vont pas être suivi à lettre par l’ancien tyran, réservant quelques surprises à Jacob.

Ed Brubaker concocte un thriller aux petits oignons à ses lecteurs. Son fameux sens de la narration est bien présent. La voix-off omniprésente rythme le récit et dissémine les révélations. Le polar en lui-même est un grand classique dont l’efficacité n’est plus à prouver. La grande originalité et la force de ce récit résident dans la toile de fond que choisit de mettre en oeuvre Ed Brubaker et dans les personnages présentés. 

Ed Brubaker ancre son intrigue dans le monde des comics, pas si idéal que cela. Les rivalités entre artistes, les contrefaçons, le plagiat, les luttes de pouvoir, la hiérarchie mal vécue, les droits d’auteurs : le scénariste aborde tous ces thèmes de façon acerbe, n’épargnant personne et mêlant personnages fictifs et personnages réels, tout en ne livrant que des anecdotes inventées mais crédibles. Il le fait par l’intermédiaire de Hal Crane, dessinateur de génie et mais aussi individu assez détestable. Imbu de lui-même et méprisant envers les autres, il vit hors du monde réel. Faisant fi du politiquement correct, il agit uniquement avec en tête l’objectif qu’il s’est fixé. Néanmoins, Ed Brubaker le rend touchant lorsqu’il rencontre sa fille avec qui les relations sont distendues. Son caractère s’oppose à celui de son ancien assistant Jacob qu’il traite tantôt avec affection tantôt avec condescendance et qui est toujours resté dans l’ombre malgré son talent. Ce contraste renforce surtout le caractère odieux de Hal Crane. 

Ed Brubaker insère son récit dans l’univers de Criminal en faisant intervenir Ricky Lawless, fils de Teeg Lawless, personnage récurent de la saga Criminal, apportant un côté crasseux à l’histoire.

Sean Phillips propose son trait habituel, à l’encrage fin et travaillant sur les ombres. Si certaines silhouettes sont parfois flottantes, les décors immergent le lecteur dans cette ambiance poisseuse. Les couleurs de Jacob Phillips, découvert sur My Heros have always been junkies, conservent ces aplats qui donnent l’impression de taches qui éclaboussent les planches. Un style original qui fonctionne à merveille.

Review réalisée à partir de la lecture des singles VO.

Ed Brubaker, Sean Phillips et Jacob Phillips mettent à l’oeuvre, une nouvelle fois, tout leur talent dans ce court thriller se déroulant dans l’univers des comics ! Un must !
9
On aime
La narration maitrisée de Ed Brubaker
L'univers des comics en fond
Les dessins de Sean Phillips et les couleurs de Jacob Phillips