Marvel fête ses 80 ans avec différents projets. Le dernier en date est Spider-Man : Life Story, mini-série en 6 parties qui va retracer le parcours de Peter Parker, des années 60 à nos jours, à raison d’un épisode par décennie. Mais la principale originalité est que Peter Parker va vieillir tel un humain normal, et non comme un personnage de comics habituel. Chip Zdarsky, qui a formidablement repris Daredevil, est au scénario et Mark Bagley, aux dessins. Tout au long de la trentaine de pages de l’épisode, le scénariste va reprendre les grandes lignes des aventures classiques de Spider-Man : Sa relation avec Gwen, celle avec Flash, son conflit avec le Green Goblin, l’un de ses plus emblématiques ennemis. Le tout est enrobé d’un contexte social absent des histoires originales avec, en toile de fond, la guerre du Vietnam, pour laquelle Spider-Man se demande s’il doit y participer. Cela amène une dimension morale supplémentaire, et cela est plutôt bien traité par Zdarsky.
Si la première moitié de l’épisode est une mise en place des différentes relations entre les personnages, elle est faite de façon efficace. Le scénariste y incorpore beaucoup de dialogues mais sans lourdeur. Cela permet de bien installer les interactions jusqu’à la révélation du Green Goblin qui emballe le récit sur de l’action rythmée et vraisemblable. La relation de Peter avec Gwen est construite par de courtes séquences et allusions mais sa description est parfaite. Leur dernière scène commune est belle et touchante. Chip Zdarsky incorpore la guerre du Vietnam à son récit en intégrant Captain Amercia, symbole de l’Amérique. C’est une très bonne idée, d’autant que le scénariste se souvient que Cap ne représente pas l’Amérique Impérialiste mais plutôt l’Amérique humaniste. Ces questionnements se répercutent alors sur Spider-Man. La relation entre les deux héros apporte la réflexion nécessaire sur le conflit. De ce point de vue, le cliffhanger enfonce le clou !
Mark Bagley a ce trait qui associe modernité et classicisme. On a tout autant l’impression de lire une histoire des débuts de Spidey que de lire un comics des années 2010. Son trait est net et précis et son découpage a la sobriété des premières histoires de Spider-Man. Les couleurs de Franck d’Armata, dans des tons orangés, sont parfaites pour ce récit 60’s.