Créé par Len Wein et Bernie Wrightson dans House of secrets #92 et rendu mythique par Alan Moore dans son run paru entre 1983 et 1987, Swamp Thing a connu une publication erratique au fil des décennies. Voici 10 ans que le personnage n’avait pas connu les honneurs d’une série régulière et c’est Ram V qui s’occupe de ce renouveau. Il s’associe à Mike Perkins et Mike Spicer aux dessins et couleurs !
S’inspirant de la tradition d’incarnation de la Créature des marais, dont le plus fameux fut sans doute Alec Holland, Ram V imagine un nouveau personnage d’origine indienne, Levi Kamei, qui, revenant sur ses terres natales pour des motifs professionnels et personnels, se retrouve mystérieusement lié à la Sève. Contrôlant difficilement cette transformation, Kamei doit aussi faire face à son passé familial et à ses employeurs, aux intentions toutes sauf nobles.
Ram V inscrit son récit dans l’univers de Swamp Thing en concoctant une intrigue mêlant recherche d’identité du personnage et suspens horrifique. Levi Kamei découvre petit à petit son rôle et ses pouvoirs à travers de multiples séquences d’introspection qui, si elles puisent une force indéniable dans le mystère qui entoure Swamp Thing et la partie graphique de Mike Perkins et Mike Spicer, tendent à ralentir le rythme du récit.
En parallèle de cette quête liée au personnage, Ram V développe une intrigue indienne, comme il en a souvent l’habitude dans ses récits. Conflit familial, conflit de générations, conflit entre tradition et modernisme fusionnent pour parler de nature et d’intérêts financiers. Toujours présente dans les coups tordus, la Suicide Squad d’Amanda Waller vient faire un petit tour, injectant un petit gout de super héros pas désagréable.
Graphiquement, les deux Mike forment clairement un binôme idéal pour cet univers fantastique et horrifique. Le trait crasseux où dominent les noirs du premier évoque à merveille la puissance de la Créature dans son univers sauvage. Les transformations qui affectent Levi Kamei puisent dans l’horreur la plus pure avec réussite. Le coloriste pose ses nappes de teintes qui évoquent tantôt la fureur qui gagne les protagonistes, tantôt la moiteur des environnements. Si l’on excepte quelques visages un peu moins réussis, l’ensemble est excellent ! John McCrea prend le relais pour un épisode Constantiniesque sombre et graphiquement oppressant et envoutant.
La série est précédée des deux épisodes liés à Future State dans lesquels Ram V imagine le futur du Green dans un conte fantastique très réussi !
S’il pâtit d’un rythme parfois un peu lent, ce tome 1 du run de Ram V sur Swamp Thing n’en demeure pas moins une lecture très agréable qui bénéficie d’une partie graphique idéale pour cet univers !