The Maximortal (VF-Delirium)

The Maximortal
Date de Sortie
10 septembre 2020
Scénario et dessins
Rick Veitch
Editeur
Delirium
La note de ComicStories
9.5

Après Brat Pack, bijou de férocité et regard acerbe sur les super-héros et leurs sidekicks, l’excellent éditeur Delirium sort The Maximortal, nouvelle pépite de Rick Veitch, méconnu en France. 

Paru dans la foulée de Brat Pack, The Maximortal s’intéresse au mythe Superman en créant un récit qui mêle faits réels et fiction. S’étalant sur la première moitié du XXème siècle, l’histoire de Rick Veitch raconte la destinée d’un être extraterrestre « enfant » qui s’écrase sur Terre et qui est recueilli par un couple composé d’un chercheur d’or et d’une bigote complètement dingo. Développant ses pouvoirs surnaturels, ce Maximortal attire l’attention des scientifiques et des militaires. En parallèle, on suit la destinée des deux créateurs de comics – inspirés évidemment de Jerry Siegel et Joe Shuster – qui vont se retrouver entre les mains de requins de l’édition. Les deux fils rouges vont finir par se mêler tout en s’intégrant à des événements réels.

Le récit de Rick Veitch impressionne par son ambition, sa densité, la folie de ses idées et l’acuité de son regard sur le monde des comics. Le destin du Maximortal s’inspire de celui de Superman en lui injectant un dose de mysticisme baroque et d’humour parfois épais. Croisant des personnages aux intentions rarement bienveillantes, son évolution permet à Rick Veitch de dénoncer les méthodes odieuses des puissants par leurs manigances, leurs corruptions, leurs complicités. Faisant du Maximortal leur arme de destruction massive à travers le bombardement d’Hiroshima, le scénariste pousse à son extrême le cynisme

En parallèle, en s’intéressant au destin des deux créateurs de comics, Rick Veitch règle ses comptes avec le monde de l’édition. L’éditeur, plus proche d’un mafieux que d’un amoureux de BD, dépouille les artistes de tout droit d’auteurs et use de méthodes plus que répréhensibles lorsque ceux-ci se rebellent. La critique est, là aussi, poussée à l’extrême mais elle démontre bien toute la rancœur du scénariste vis à vis d’un univers dont il a lui aussi subit les pratiques.

Le mélange de fiction et réalité fonctionne parfaitement tant le scénario de Rick Veitch est solide. Si l’on pourra trouver la fin déroutante, l’ensemble se lit avec une grande fluidité. L’on ne sent nullement la lourdeur d’écriture de certains comics de la même période. Rick Veitch varie les formes d’écriture et multiplie les références. 

Graphiquement, si le style et les couleurs font leur âge, le story-telling, la régularité du trait, le niveau de décors sont remarquables. Là aussi, le caractère ambitieux saute aux yeux

On notera la postface de l’auteur, incluse par Délirium, riche en enseignements et acide, là aussi. 

 

The Maximortal est traversé par une folie et une inventivité incroyables ! Le scénario solide de Rick Veitch mêlant fiction et réalité permet à l’auteur de livrer son regard acerbe sur le monde des comics et le cynisme des puissants. Indispensable ! 
9.5
Points forts
L'ambition de l'oeuvre
La folie qui traverse le récit
Les nombreux thèmes abordés
Un regard acerbe réjouissant
Une partie graphique extrêmement solide
Points faibles
Une fin déroutante
Des dessins marqués 90s qui ne plairont pas à tout le monde