Auteur des plus prolifiques et à la réussite indéniable en indé, James Tynion IV sait se montrer redoutable sur ses univers personnels. Que cela soit dans l’horrifique avec Something is killing the children, le fantastique humaniste avec Wynd ou ici dans le thriller fantastique avec The Nice House On The Lake, l’auteur séduit fortement.
En compagnie d’Alvaro Martinez Bueno et Jordie Bellaire, James Tynion IV met en scène un groupe d’individus conviés par leur ami Walter dans une sublime maison isolée de tout, au bord d’un lac. Certains se connaissent, d’autres non. Alors qu’ils s’interrogent sur le sens de cette invitation, un événement extraordinaire survient.
Dans le genre du récit de survie en milieu isolé, l’auteur tire d’entrée son épingle du jeu en s’appuyant sur une vaste galerie de personnages qui vont, par leurs interactions, entretenir un suspens incroyable durant ces premiers épisodes. Le mystère qui enveloppe Walter et ses intentions fait naitre tensions et conflits et passionne le lecteur. La caractérisation des personnages est proprement impeccable. Par leur intermédiaire, au travers d’explorations des lieux ou des échanges, les révélations se font au compte goutte et entrainent régulièrement des cliffhangers qui laissent le lecteur estomaqué.
Le scénariste possède une écriture d’une grande précision, variant les supports en incorporant des extraits de mails, de conversations, le plus souvent très pertinents, et ne laissant absolument rien au hasard.
En sus du suspens, la série plonge régulièrement dans le fantastique et l’horrifique avec une grande réussite. L’un des motifs de cette performance est le travail graphique que réalisent le dessinateur espagnol et la coloriste américaine. Martinez Bueno a changé son style pour débuter cette mini-série et son trait devient plus crasseux et granuleux, parfaitement adapté au ton de la série. Ses représentations architecturales, évoquant des architectes de renom tel Le Corbuiser, laissent pantois. Un univers graphique époustouflant et unique s’offre au lecteur. Lorsque la série bascule dans le fantastique, le dessinateur – comme il nous l’a livré dans un entretien – crée des compositions inspirées de Francis Beacon, déformant drastiquement le corps de Walter.
Jordie Belaire propose des couleurs flamboyantes et puissantes qui se superposent par petites touches. S’opposant aux noirs de Martinez Bueno, sa palette irradie les planches, accentuant la côté fantastique de la série.
Une partie graphique époustouflante et d’une grande originalité !
Epoustouflant par son écriture minutieuse et haletante, ainsi que par son incroyable partie graphique, The Nice House On The Lake livre un premier volume étourdissant ! Un chef d’œuvre en cours d’édification !