Fer de lance du relaunch Valiant de 2012, XO-Manowar a connu un franc succès (50 épisodes) sous la houlette de Robert Venditti. En 2017, c’est Matt Kindt, un habitué de la maison avec les excellents Rai, Divinity, Ninjak ou Unity, qui reprend le flambeau. Le scénariste présente un Aric de Dacie, loin de la Terre et du sang qui coula à flots autour de lui. On retrouve un individu désormais plus mûr et apaisé, vivant sur une lointaine planète nommée Gorin où il aspire à vie calme aux côtés de sa compagne autochtone Schon. Mais Gorin est loin d’être un lieu de paix puisque trois tribus se partagent la planète en conflits renouvelés auxquels Aric va difficilement pouvoir échapper.
L’angle choisi par Matt Kindt permet d’abord aux nouveaux lecteurs d’entrer aisément dans le formidable univers Valiant et aux anciens lecteurs d’avoir une forme de continuité. Par de régulières et subtiles allusions, le scénariste remet en place les éléments du passé nécessaires à la compréhension du personnage et de ses actes. D’un personnage fougueux et impulsif, l’on passe à un être en quête de sérénité mais son passé et son ADN de guerrier vont le rattraper, le menant sur le chemin de chef de guerre que lui trace Matt Kindt.
Sa relation avec l’armure de Shanhara, avec laquelle il ne veut plus rien avoir affaire, rappelle au lecteur, la guerrier ultime qu’il fut lorsqu’il fut projeté au XXème siècle. Cette répulsion est partie prenante du récit.
Les deux premiers arcs de la série présentés ici, sont un véritable page-turner, d’une incroyable fluidité. Le scénariste multiplie les références. On pense à Mad Max, à Star Wars. Matt Kindt développe un récit violent et totalement épique mais aborde aussi des thèmes politiques, s’interrogeant sur la diplomatie ou la trahison, densifiant ainsi son intrigue. Il s’intéresse pleinement à son personnage principal dont il enrichie la caractérisation, montrant un guerrier réfléchi et stratège mais qui sait aussi allègrement donner du coup de poing et se montre parfois fragile. C’est ce qui fait que le lecteur apprécie Aric. L’ascension irrépressible du personnage est passionnante à suivre !
Matt Kindt crée un monde avec ses tribus, ses modes de vie, sa hiérarchie, ses architectures, ses alliances, ses conflits et l’exploite totalement.
Autre point extrêmement marquant de ce relaunch : la partie graphique. On retrouve deux artistes d’une incroyable générosité dans leurs dessins. Dans des styles assez proches, Tomas Giorello et Doug Braithwaite offrent un travail d’une formidable densité et débordant de détails. Leur trait, à l’encrage crayeux, est redoutable de dynamisme, accentuant le côté entraînant du récit. Diego Rodriguez s’occupe parfaitement des couleurs, usant de nuances pour une parfaite lisibilité et permettant une unité globale indéniable.
Bliss livre tout cela dans une superbe édition farcie de bonus palpitants, notamment des entretiens avec les auteurs.