Créateur du génial Stray Bullets, David Lapham débarque chez Bad Idea – et donc Bliss Editions – en compagnie de sa femme Maria pour un récit âpre aux thématiques ancrées dans le monde actuel.
1985. Jack End est le chef d’un groupe de skinheads néo-nazis. Lorsqu’il découvre que sa sœur Jen sort avec Angelo, un « mex », il décide de « s’occuper d’eux » en organisant une manifestation néo-nazie à Oceanside où se trouve la famille d’Angelo. Mais Jack n’imaginait pas que la ville était peuplée d’un bon paquet de vétérans de la seconde guerre mondiale qui avaient botté le cul des nazis !
La mémoire s’efface
David et Maria Lapham livrent un récit brutal et sans concession qui rappelle comment la mémoire des faits passés peut faire défaut, comme c’est le cas actuellement avec le retour en force du fascisme, explore les conflits de valeurs et la façon dont la violence appelle la violence.
Dans un pays comme les USA où chacun est libre de dire ce qu’il veut, pouvant laisser libre cours au racisme le plus décomplexé, les valeurs pour lesquelles se sont battus les vétérans de la deuxième guerre mondiale sont désormais contestées avec la plus grande violence, amenant à des scènes de quasi guerre civile. Les scénaristes décortiquent ce phénomène avec un récit qui frappe fort et dresse le portait de ces deux Amériques que tout semble de plus en plus séparer !
La haine en héritage
Alternant scènes présentes – dans les années 80 – et scènes durant la seconde guerre mondiale, le récit livre un discours clair qui prend aux tripes. Les scénaristes soignent la caractérisation de leurs personnages et à travers eux, évoquent avec force le poids de l’héritage familial et la difficulté de s’en extraire. Certaines séquences rappellent par moment l’esprit de Garth Ennis dans sa description de la fraternité entre vétérans et trouvent une pertinence incroyable quand elles s’aventurent dans les années 40.
Le récit principal est complété par des récits courts en fin de volume qui enrichissent grandement l’ensemble et nous font nous attacher encore plus à certains protagonistes.
Le récit principal est colorisé par Bill Crabtree alors que les récits annexes sont en noir & blanc. Et force est de constater que, même si Bill Crabtree est un bon coloriste – notamment sur les scènes de guerre où sa palette se montre plus subtile – le dessin de David Lapham n’est jamais aussi puissant que lorsqu’il reste à nu…
Bliss soigne son édition comme à chaque parution Bad Idea !
David & Maria Lapham livrent un récit engagé et percutant qui résonne avec force avec notre époque !


