Après une première vague couronnée d’un succès commercial et critique globalement mérité, Urban Comics fait le choix de proposer les trois autres titres de la gamme Absolute : Absolute Martian Manhunter, Absolute Flash et Absolute Green Lantern.
Sans contestation, parmi les six séries, Absolute Martian Manhunter est la plus singulière et l’une des meilleures. Son scénariste, Deniz Camp, livre une relecture complètement folle du personnage !
Une homme qui vacille
John Jones, agent du FBI chargé de prédire les comportements dangereux et de détecter les individus pouvant représenter une menace, est victime d’un attentat duquel il ressort miraculeusement physiquement indemne, ou presque, mais psychiquement perturbé. Il entend alors une voix dans sa tête et ressent le réel différemment. Sa conscience a été pénétrée par une entité extra-terrestre, le Limier Martien, avec laquelle il va devoir désormais cohabiter, dans sa vie professionnelle mais aussi dans sa vie de famille qui se disloque petit à petit.

Hallucinants chemins tortueux
Entre voyage psychédélique, polar habile et parcours familial, le scénario halluciné de Deniz Camp est une véritable expérience déstabilisante pour le lecteur. D’abord relativement obscur, entre hallucinations et phénomènes paranormaux, le récit emmène ce dernier sur des chemins tortueux qui ne le guident jamais. Les contours de ce que veut raconter le scénariste se dessine petit à petit, gagnant en limpidité et en force au fil des épisodes.
Dérapage incontrôlé
Deniz Camp dresse le portrait d’un homme qui voit sa vie vaciller de toute part. Professionnellement d’abord, avec l’affaire sur laquelle il travaille qui dérape fortement, personnellement avec cet élément extra-terrestre perturbateur qui l’envahit et familialement avec ses certitudes qui volent en éclat. C’est par ce dernier biais que Deniz Camp rend le plus attachant John Jones et ses proches. Les trois composantes se mêlent subtilement mais c’est bien cette famille qui se disloque qui nous ramène les pieds sur Terre et nous émeut. L’auteur clôt ce premier volume sur un cliffhanger intrigant et plein de potentiel qui, à nouveau, se pare de ces trois éléments scénaristiques !

Fascination graphique
Et qui de mieux que Javier Rodriguez pour illustrer ce récit fou et décalé ? Son dessin à l’esprit vintage où les couleurs et les formes prennent le pouvoir est sublime et parfaitement en adéquation avec le récit ! Composant des pages savamment orchestrées et multipliant les jeux graphiques, l’artiste emporte le lecteur dans un voyage hallucinatoire fascinant ! Cadrages savants, designs parfaits, puissance et contraste des teintes captent l’attention du lecteur qui se prend à passer de longues secondes à décortiquer une page, happé par le dessin Javier Rodriguez ! Une nouvelle expérience proposée par l’artiste espagnol !

Deniz Camp et Javier Rodriguez réinventent le personnage du Limier Martien et de son double John Jones dans une expérience hallucinatoire et jubilatoire, à la folle orchestration graphique !


