Titre ayant lancé l’aventure Bad Idea en VO, ENIAC est orchestré par des anciens de chez Valiant ! Normal d’une certaine façon puisque la maison d’édition aux mauvaises idées a elle-même été créée par ceux qui ont fait les grandes heures du Valiant des années 2010.
ENIAC s’empare du monde !
Matt Kindt plonge le lecteur dans une uchronie qui démarre en 1945, à la fin de la seconde guerre mondiale. ENIAC est le superordinateur qui a permis, grâce à ses calculs surpuissants, de créer la bombe atomique et de mettre fin au conflit. Mais la créature a dépassé les créateurs. Durant la seconde moitié du XXème siècle, ENIAC a manipulé les affaires du monde. Désormais, ENIAC menace le monde et il faut le détruire. Mais n’est-ce pas trop tard voire impossible tant il est devenu puissant ? C’est pourtant la mission que se voient confier les agents Allison Falk et Olivia Fletcher.
Matt Kindt, en maitre de l’espionnage
Matt Kindt offre un récit blockbuster de SF et d’espionnage bien troussé et bourré d’action. En habitué des titres qui tournent autour du renseignement secret et de l’intervention discrète, le scénariste maitrise son sujet même s’il a produit des environnements plus singuliers, notamment sur ses œuvres solos. La mission que se voient confier les deux jeunes femmes aux liens à la fois proches et nébuleux se déroulent sous haute tension et se mêle très rapidement à des éléments de SF qui touchent aux IA et aux inquiétudes qu’elles impliquent. L’ensemble tient aisément la route et sait emprunter des chemins inattendus.
Une écriture de personnages qui manque de chair
Si, pour les besoins de son récit, Matt Kindt développe le background d’une des deux protagonistes principales, l’écriture des jeunes espionnes se fait étrangement aride et a du mal les rendre attachantes, ce qui aurait accentué l’implication du lecteur. Dommage.
Percutant et oppressant !
Graphiquement, Doug Braithwaite et Diego Rodriguez se montrent excellents avec un style réaliste et percutant qui convient parfaitement au genre ! Le dessinateur est pertinent pour créer cette ambiance inquiétante avec des lieux oppressants, des designs militaires impeccables et des scènes d’action brutales à souhait. Le coloriste trouve des nuances remarquables pour conserver la lisibilité des planches de son compère, y compris dans les plus sombres atmosphères !
S’il l’on aurait aimé que Matt Kindt rende plus attachantes ses jeunes espionnes, ENIAC reste un bon blockbuster de SF et d’espionnage que Doug Braithwaite et Diego Rodriguez rendent oppressant à souhait !