Co-créateur du formidable Assorted Crisis Events en compagnie de Deniz Camp, Eric Zawadzki évoque la création et la force du propos de ce comicbook anthologique !
For English speakers, please find lower the interview in its original version.
Assorted Crisis Events
Comment le projet Assorted Crisis Events a-t-il vu le jour ?
Eric Zawadzki : Deniz et moi nous sommes rencontrés au New York Comicon 2018 et le courant est tout de suite passé. Au fil des années, nous avons tellement discuté qu’il a presque toujours semblé inévitable que nous finirions par collaborer. J’ai beaucoup travaillé en freelance pendant plusieurs années, mais mon cœur a toujours été du côté des comics en creator-owned. Donc, lorsque mon emploi du temps s’est libéré, nous avons sauté sur l’occasion pour créer quelque chose ensemble. Deniz m’a présenté le projet et j’ai aussitôt adhéré.

Le comic est une anthologie. J’imagine que le plus grand plaisir, mais aussi le plus grand défi, consiste à créer et à prendre possession d’un nouvel univers à chaque fois — avec un contexte et des personnages différents.
Eric Zawadzki : C’est incontestablement mon plus grand défi. À chaque numéro, nous recommençons tout à zéro. Je ne suis pas naturellement doué pour tout cela, donc c’est toujours une lutte. Mais cela fait de moi un meilleur artiste, numéro après numéro. Il n’y a jamais l’occasion de se reposer sur ses lauriers lorsqu’on travaille sur un comic comme celui-ci.
Pour chaque numéro, vous faites un travail incroyable sur la mise en page. Comment abordez-vous cet aspect de votre travail ? Deniz Camp vous fournit-il des scripts extrêmement détaillés ? Est-ce un processus collaboratif entre vous deux ? Apportez-vous également vos propres idées ?
Eric Zawadzki : C’est un mélange de tout cela. Deniz fournit des scripts très détaillés et réfléchit beaucoup à l’identité visuelle de chaque numéro. Mais nous discutons aussi un peu ensemble. Et j’apporte souvent mes propres idées. Ses scripts sont suffisamment riches pour qu’il soit très facile d’imaginer des propositions créatives pour la mise en page.

Visuellement, vous faites souvent le choix artistique d’utiliser des effets de transparence entre les personnages et leur environnement. Pourquoi ce choix ? Quel est l’objectif ?
Eric Zawadzki : J’aime créer un effet atmosphérique avec l’arrière-plan. C’est une esthétique qui me plaît tout simplement. Mais vous faites peut-être référence à l’effet coloré que la coloriste Jordie Bellaire utilise souvent ? J’ai colorisé la première couverture de cette manière, sans vraiment avoir l’intention d’en faire une partie de l’identité visuelle, mais Jordie s’en est emparée, l’a sublimée et l’a solidifiée comme le style général de Assorted Crisis Events. Je pense que cela en dit long sur la déconnexion que certains personnages peuvent ressentir vis-à-vis du monde qui les entoure, mais aussi, à d’autres moments, sur le fait que tout est réellement lié.
Puisque vous parlez des couleurs, le travail de Jordie Bellaire est, comme toujours, remarquable. Comment collaborez-vous ? A-t-elle une liberté totale ? Comme les couleurs ont un impact majeur sur la lisibilité des histoires, j’imagine que vous devez avoir de nombreuses discussions à ce sujet ?
Eric Zawadzki : Nous échangeons un peu, mais la plupart du temps, nous la laissons libre de ses choix. Lorsqu’on a un génie comme Jordie dans son équipe, il est préférable de la laisser faire. À chaque numéro, elle nous surprend avec quelque chose de ludique et de nouveau, et c’est toujours un plaisir.

Sous prétexte de temps distordu, Deniz Camp aborde des thèmes sociaux et se concentre sur la nature humaine. Qu’est-ce qui vous séduit le plus dans ses histoires ?
Eric Zawadzki : Les qualités humanistes sont ce qui me touche le plus. Il y a énormément d’empathie dans ces scripts. Il y a toujours une volonté de comprendre ce que traverse quelqu’un en difficulté. Je pense qu’après avoir lu un numéro d’Assorted Crisis Events, les lecteurs ne peuvent s’empêcher d’en ressortir avec davantage d’empathie pour celles et ceux qui sont largement incompris dans la société. Et cela est très puissant pour moi.
Quel(s) thème(s) aimeriez-vous que Deniz Camp explore dans de futurs numéros — des thèmes que vous seriez sûr de prendre plaisir à illustrer ?
Eric Zawadzki : Tant que Deniz continue sur sa lancée, je serai un homme très heureux. Mais je lui ai déjà soumis quelques idées pour les futurs numéros. Le concept est très malléable, ce qui facilite la génération d’idées.

Comment travaillez-vous techniquement ? Traditionnellement ? Numériquement ? Un mélange des deux ?
Eric Zawadzki : Je travaille principalement en numérique. Pour un numéro récent, j’ai essayé de le réaliser de manière traditionnelle, mais cela prenait plus de temps que prévu, et pour terminer le numéro à temps, j’ai dû revenir au numérique. J’aimerais vraiment pouvoir produire davantage de pages en traditionnel. J’ai réussi à en faire sept ainsi pour ce numéro, et j’ai trouvé très satisfaisant de posséder les pages physiques. Je pense que je vais commencer à réaliser toutes les couvertures en traditionnel désormais.
Projets et lectures
Vous travaillez actuellement sur le numéro 6 et les suivants ?
Eric Zawadzki : Le numéro 8 est terminé et, au moment où j’écris cette interview, je commence juste le numéro 9, qui marquera la fin du deuxième arc. Chaque numéro compte environ 30 à 32 pages. Ce sont des TPB épais comparés à la plupart des autres recueils de comics, donc nous avons décidé de passer à des arcs de 4 numéros, comme le fait Ice Cream Man.

Avez-vous d’autres projets en cours ?
Eric Zawadzki : À part des couvertures pour d’autres comics, la seule chose que j’ai actuellement sur la table est Assorted Crisis Events. Ce comic accapare tout. Chaque numéro est incroyablement ambitieux, nécessitant une approche entièrement nouvelle, un casting totalement renouvelé et une moyenne de 30 pages par numéro. C’est donc un véritable défi de terminer ces numéros dans les délais.
Quels comics lisez-vous actuellement ? Avez-vous des coups de cœur ?
Eric Zawadzki : En ce moment, je lis autant de l’œuvre d’Alex Toth que possible. Je deviens obsédé par certains artistes, puis je passe un mois ou deux à essayer d’absorber autant de leurs travaux que possible. Je lis donc ses comics romantiques des années 1950, ainsi qu’une série de ses histoires courtes des années 1970 et 1980. C’est très inspirant pour moi.
Entretien réalisé par échanges de mails. Merci à Eric Zawadzki pour sa gentillesse et sa disponibilité !
Co-creator of the remarkable Assorted Crisis Events alongside Deniz Camp, Eric Zawadzki talks about the creation and the strength of the message behind this anthology comic book !
Assorted Crisis Events
How did the Assorted Crisis Events project come about?
Eric Zawadzki : Deniz and I met at New York Comicon 2018 and hit it off instantly. Over the years we talked so regularly that it kind of always felt inevitable that we’d end up collaborating. I was busy freelancing for several years, but my heart has always been in creator owned comics, so when my schedule opened up we jumped at the opportunity to create something together. Deniz pitched me on the project and I was all in.
The comic is an anthology. I imagine that the greatest pleasure, but also the greatest challenge, lies in creating and taking ownership of a new universe each time — with a different context and different characters.
Eric Zawadzki : It is definitely the biggest challenge for me. Every issue we start over from scratch. I’m not a natural at any of this, so it’s always a struggle. But it’s making me a better artist, issue by issue. There’s never an opportunity to rest on your laurels when working on a comic like this.
For each issue, you do an incredible job with the page layout. How do you approach this aspect of your work? Does Deniz Camp give you extremely detailed scripts? Is it a collaborative process between the two of you? Do you also bring your own ideas to the table?
Eric Zawadzki : It’s a mix of everything. Deniz provides very detailed scripts and puts a lot of thought into the visual identity of each issue. But we also discuss things a bit. And I often bring my own ideas to each issue. His scripts are rich enough that it’s very easy to come up with creative ideas for page design.
Visually, you often make the artistic choice of using transparency effects between the characters and the environment around them. Why this choice? What is the goal behind it?
Eric Zawadzki : I like creating an atmospheric effect with the background. It’s an aesthetic that just appeals to me. But maybe you’re referring to the colour effect that colourist Jordie Bellaire often employs? I coloured the first cover that way, not really intending it to be part of the visual identity, but Jordie ran with it, leveled it up and solidified it as the overall look of Assorted Crisis Events. I think it says a lot about how disconnected some characters can be from the world around them, but at other times how truly connected everything is.
When it comes to colors, Jordie Bellaire’s work is, as always, outstanding. How do you two collaborate? Does she have complete freedom? Since colors have a major impact on how readable the stories are, I imagine you must have many discussions about that?
Eric Zawadzki : We have some discussions, but for the most part we let her go wild. When you have a genius like Jordie on your team, it’s best to let her do her thing. Every issue, she surprises us with something fun and new and it’s always a delight.
Under the pretext of distorted time, Deniz Camp addresses social themes and focuses on human nature. What appeals to you most in his stories?
Eric Zawadzki : The humanistic qualities are what appeal to me most. There’s so much empathy in these scripts. There’s always an attempt to understand what someone who is struggling is going through. I think, after reading an issue of Assorted Crisis Events, readers can’t help but walk away with more empathy towards those in society who are largely misunderstood. And that’s very powerful for me.
What theme(s) would you like Deniz Camp to explore in future issues — themes that you’re sure you’d enjoy illustrating?
Eric Zawadzki : As long as Deniz keeps doing what he’s doing, I’ll be a very happy man. But I have thrown some ideas at Deniz for future issues. The concept of the book is very malleable and it makes it easy to generate ideas.
How do you work technically? Traditional? Digital? A mix of both?
Eric Zawadzki : I primarily work digital. For a recent issue, I tried to do it traditionally, but it was taking longer than anticipated and in order to get the issue done in time, I had to return to digital. I really wish I could do more traditional pages overall. I managed to get 7 pages done traditionally for that issue and I found it pretty satisfying to have the physical pages. I think I’m going to start doing all covers traditionally going forward.
Projects and Reading
Are you currently working on issue 6 and the ones that follow?
Eric Zawadzki : Issue 8 is complete and, at the time of writing this interview I’m just starting work on issue 9, which will be the end of the second arc. Every issue is around 30-32 pages. These are thick TPBs compared to most other comic collections out there, so we decided to do 4 issue arcs going forward, similarly to what Ice Cream Man does.
Do you have any other projects in progress?
Eric Zawadzki : Aside from covers for other comics, the only thing I have on my plate is Assorted Crisis Events. This comic is all consuming. Each issue is incredibly ambitious, requiring a whole new approach, a whole new cast of characters and an average of 30 pages an issue. So it’s quite a challenge to get these issues done in a timely manner.
Which comics are you currently reading? Any favorites?
Eric Zawadzki : At the moment I’ve been reading as much of Alex Toth’s oeuvre as I can find. I get obsessive about artists and then spend a month or so trying to consume as much of their works as possible. So I’ve been reading his 1950’s romance comics and a bunch of his 70’s and 80’s short stories. It’s been very inspiring for me.
Interview made by email exchange. Thanks to Eric Zawadzki for his availability and his great kindness.


