Après son long run – décevant – sur Batman, Tom King a enchainé quelques maxi-séries avec un succès plutôt régulier. Malgré quelques défauts, souvent narratifs, Rorschach, Strange Adventures, Human Target ou Gotham City : Year One nous ont procuré un certain plaisir. Le revoici sur une série Ongoing avec Wonder Woman Hors-La-Loi, accompagné de l’excellent Daniel Sempere !
Dans une salle de billard du Montana, un massacre vient d’avoir lieu. La coupable serait une Amazone. Le Congrès promulgue alors une loi de Sécurité des Amazones bannissant toute citoyenne de Themyscira du sol américain. Alors que le gouvernement cherche par tous les moyens à chasser les récalcitrantes, Wonder Woman va tacher de démêler le vrai du faux.
Graphiquement impeccable
L’écriture de Tom King fait régulièrement débat et c’est souvent l’élément qui scinde ceux qui aiment et ceux qui détestent. Pour Wonder Woman Hors-La-Loi, il y a une composante qui ne fera guère débat, et elle n’est le fait du scénariste que de façon mineur : la partie graphique impeccable de Daniel Sempere et Tomeu Morey ! Le duo propose des planches d’une très grande beauté et d’une impressionnante régularité. Si la mise en scène est très TomKingiesque avec des compositions symétriques et répétitives, le dessinateur livre des scènes très spectaculaires aussi bien quand Diana affronte un régiment entier de chars que lorsqu’elle affronte Giganta à coups de Washington Monument. L’artiste se montre aussi à l’aise dans les scènes plus humoristiques ou touchantes. Tomeu Morey est quant à lui impeccable dans sa mise en couleurs, n’étouffant jamais le dessin du barcelonais, bien au contraire.
Tom King démarre par une nouveauté
Tom King aime déconstruire et livrer sa version d’un personnage, ajoutant des éléments clivants et parfois radicaux. A travers son segment inclus dans le Wonder Woman #800, introduisant son run, l’épisode Trinity Special #1 et la narration qui parcourt le tome tout du long, le scénariste impose un nouveau personnage dont on ne devine que peu pour le moment mais qui pourrait changer beaucoup de choses. Et le scénariste le fait plutôt bien.
Une narration verbeuse mais qui fait sens
Pour narrer la quête de vérité de Wonder Woman, Tom King propose, en parallèle de la narration graphique de Sempere, une narration très verbeuse, comme parfois, qui pourra dérouter mais dont le contenu fait sens par rapport à la construction de son récit. Cela a tendance à ralentir le récit, d’autant que le scénariste à la fâcheuse habitude de décompresser quelque peu, mais cela fonctionne plutôt bien.
Un propos actuel pour une héroïne bien caractérisée
Le cœur du propos de Tom King tourne autour du masculinisme ambiant présent un peu partout et d’une métaphore des problèmes de racisme, ce qui fait de son histoire, un récit actuel. Si l’ensemble est plutôt bien mis en place, le scénariste ne fait pas toujours preuve de finesse et imagine une sorte de complot à la tête des USA qui ne convaincra pas tout le monde. Sa caractérisation de l’héroïne se montre, de son côté, plus efficace, alliant volonté indéfectible de paix, courage et fidélité dans ses relations avec ses compagnes de route.
Les qualités et défauts de l’écriture de Tom King caractérisent cette nouvelle mouture de Wonder Woman qui se montre, au final, suffisamment intrigante pour donner envie d’aller voir la suite, d’autant que la partie graphique de Daniel Sempere et Tomeu Morey est un régal pour les yeux !