Il est des récits que l’on attend pas et qui vous saisissent par leur sincérité et leur force naturelle ! La course contre l’amour de Valentina Trân fait partie de ceux-là ! La bande dessinée de Gene Luen Yang et LeUyen Pham est une histoire d’amour Young Adult qui s’adresse aux grands ados mais également aux plus vieux jusqu’à plus d’âge, si tant est que l’on ait un petit cœur qui bat sous son poitrail !
Mais La course contre l’amour de Valentina Trân parle des amours au pluriel : l’amour romantique, l’amour amical, l’amour familial. C’est tout cela qui fait la force et le charme de cette bande dessinée.
Cœurs brisés et secrets enfouis
Valentina est une jeune ado qui vit seule avec son père depuis que sa mère est décédée alors qu’elle était toute petite. Pour que son père sache que sa mère l’aime toujours très fort de là où elle est, Valentina écrit, à chaque Saint Valentin, une carte pour son père. Mais en grandissant, Valentina cherche le grand amour et commence à douter de la force de cette fête des amoureux, d’autant que dans sa famille, c’est un festival des cœurs brisés, « une malédiction familiale » comme le dit sa grand-mère exubérante ! Valentina est-elle condamnée à souffrir ou à renoncer à l’amour ? Ou peut-elle forcer le destin ?
Une romance classique mais bien troussée
La course contre l’amour de Valentina Trân est évidemment une romance, classique dans son déroulé et à la résolution évidente mais très bien troussée, où le cœur de Valentina balance et doute sans cesse, hanté par cette fameuse malédiction, matérialisée par des apparitions de Saint Valentin qui lui demande de lui confier définitivement son cœur. Entre hésitation, désespoir, excitation et moments de bonheur fugace, le chemin amoureux de Valentina lors de ses années de lycée n’est pas de tout repos.
Une histoire familiale tortueuse
Mais le récit de Gene Luen Yang trouve une grande partie de sa richesse dans l’aspect familial qu’il aborde avec une galerie de personnages secondaires très réussie, à commencer par la grand-mère, modèle de mère étouffante, qui ne peut s’empêcher de mettre les pieds dans le plat, révélant les secrets de famille les plus enfouis par le père de Valentina, protecteur maladroit. Source de scènes pittoresques où le scénariste montre un vrai talent de dialogiste, la grand-mère est un personnage rocambolesque parfait ! D’autres protagonistes trouvent également une place de choix, enrichissant avec subtilité et épaisseur le récit.
Questionnements adolescents
La course contre l’amour de Valentina Trân parle aussi des tourments et questionnements adolescents, à commencer par la fragilité de l’amour amical qui peut vaciller pour un rien, une phrase maladroite ou un geste mal interprété. De ce côté, Gene Luen Yang se montre également pertinent, décortiquant avec acuité ces relations adolescentes oscillantes.
Gene Luen Yang injecte également folklore et traditions chinoises – qui se métissent avec la présence de personnages d’origine coréenne ou vietnamienne – qui apportent une richesse supplémentaire et occupe une place non négligeable dans l’avancée du récit.
L’ensemble forme un pavé de plus de 300 pages à l’écriture extrêmement fluide et pleine de vitalité !
Graphiquement très réussi !
La course contre l’amour de Valentina Trân est porté par le dessin plein de vitalité et d’inventivité de LeUyen Pham qui rythme parfaitement le récit de Gene Luen Yang ! Avec des personnages très expressifs, l’artiste manie parfaitement les émotions, qu’elles versent dans le rire ou dans la larme. Ses décors sont immersifs et son intégration du folklore, notamment à travers de pleines pages pleines de vie, impeccable. LeUyen Pham intègre également des éléments imaginaires liés aux apparitions de Saint Valentin, très réussis.
Une partie graphique aussi solide que belle et inventive !
La course contre l’amour de Valentina Trân est une grande réussite du fait qu’elle offre plus qu’une belle romance, avec un récit aux richesses multiples parfaitement dessiné ! Une sublime découverte !