Delirium met à l’honneur le regretté Tim Sale avec l’un de ses premiers travaux datant de 1991 : Billi 99. Scénarisée par Sarah Byam, scénariste de BD, poétesse, romancière, l’histoire est une dystopie qui ne peut que résonner avec l’époque actuelle !
Dans une Amérique post troisième guerre mondiale, les politiciens sont corrompus, l’économie est aux mains d’une poignée d’oligarques, le rêve américain a laissé la place à une immense crise sociale et aux inégalités. Le Toleado était un entrepreneur généreux et brillant qui, sentant son pays basculer, a tenté de le changer. Désormais disparu, c’est sa fille Billi Chadam qui reprend le flambeau.
A la croisée du récit social et de la relecture de la figure du héros
Sarah Byam propose un récit social d’une grande richesse qui s’appuie aussi bien sur les arcanes de l’économie que sur les conséquences d’une crise sociale profonde. Si sa mise en place se fait un peu brouillonne et demande un peu de patience au lecteur, l’autrice mène ensuite remarquablement sa barque. Sarah Byam mixe son récit avec une trame héroïque, proposant une lecture au féminin de la figure du justicier qui parcourt les rues de la cité.
Une multitude de thèmes bien traités
L’autrice aborde de nombreux thèmes, aussi bien économiques que sociaux, comme la primeur du profit sur la vie des travailleurs, l’impunité des agresseurs sexuels ou encore l’incarnation de l’espoir à travers un individu. L’ensemble trouve une belle densité, ainsi qu’une noirceur profonde qui n’est contrastée que par les dernières pages qui évoquent une jolie espérance.
Tim Sale, déjà monstrueux !
Billi 99 est l’occasion de retrouver Tim Sale qui, dès 1991, démontre un talent incroyable. Sa mise en page cinématographique, son travail sur les ombres et les gris, sa représentation de la cité et ses ambiances oppressantes sont déjà présents. Son trait reconnaissable au premier regard est soutenu par les couleurs subtiles de José Villarrubia qui créent des atmosphères envoutantes, notamment lors des scènes pluvieuses et nocturnes.
Dotée de planches originales et de couvertures en bonus, l’édition de Delirium est très belle !
Billi 99 est une œuvre sociale riche et dense qui permet de retrouver le talent d’un Tim Sale encore débutant !