Après le splendide Shangri-la, Mathieu Bablet revient avec une nouvelle œuvre chez Ankama : Carbone & Silicium. L’artiste bénéficie, une nouvelle fois, de la luxueuse édition du Label 619 pour produire son récit, à nouveau inscrit dans le genre de la science-fiction.
Carbone & Silicium sont deux IA à qui l’on a fourni toutes les connaissances humaines emmagasinées au point d’acquérir une forme de conscience. Avertis de leur finitude, ils projettent de s’échapper.
Mathieu Bablet imagine une œuvre d’une grande ambition qui embrasse une multitude de thèmes et emprunte une forme inventive et redoutablement efficace. Situant son récit dans un futur indéterminé, l’auteur parle en fait de notre époque, de ses dérives, de ses espoirs.
Son histoire s’ancre totalement dans le monde actuel, évoquant l’immigration, l’environnement, les mondes virtuels, les relations humaines et sociales, le désir d’émancipation, les ravages d’un état policer. Que de résonnance avec ce qui nous entoure et que de pertinence dans le traitement de ces thèmes au fil d’un récit d’une extrême fluidité !
Au travers de ses deux héros, Mathieu Bablet chante le désir de liberté de tout à chacun entrant en contradiction avec les contraintes du monde qui nous entourent et qui nous emprisonnent le plus souvent. Mais il nous conte également une histoire d’amour, belle et profonde, entre deux êtres dont les chemins se croisent et se défont au fil du récit.
La construction par séquences chronologiques nourries d’ellipses temporelles provoque un récit dynamique et sans temps mort qui emporte le lecteur. L’aventure, la poésie, la colère traversent tour à tour Carbone & Silicium. Les émotions fortes surgissent grâce à de multiples séquences sensibles.
Mathieu Bablet propose également un projet graphique ambitieux et titanesque. Par des mises en pages et un sens de la narration impeccables, un choix de couleurs adaptées à chaque séquence, des designs malins et un travail sur le négatif, l’artiste bluffe totalement.
