Deuxième volume de la trilogie concoctée par le trio Ed Brubaker, Sean Phillips, Jacob Phillips, consacrée à Ethan Reckless, Friend of the devil débarque 6 mois après un volume inaugural palpitant !
Revoici donc Ethan Reckless, ancien du FBI, désormais enquêteur freelance, au début des années 80. Après avoir rencontré une jeune femme d’origine vietnamienne avec laquelle il se lie intimement, il en vient à enquêter sur la demi-sœur de celle-ci, mystérieusement disparue à la fin des années 70 alors qu’elle tentait de percer à Hollywood.
Dès les premières pages, le lecteur se replonge dans cette ambiance moite du Los Angeles crapuleux des années 80 qui avait tant séduit dans le volume 1 et que les auteurs retranscrivent à merveille. Entre ses enquêtes rarement ragoutantes et sa passion pour le cinéma underground, Ethan Reckless vit au jour le jour en côtoyant sa complice Anna qui ne rechigne jamais à lui donner un petit coup de main. Sa rencontre avec Linh Tran va l’emmener sur une enquête où imposteurs et illuminés vont multiplier les coups tordus. Si les ressorts du récit n’ont rien d’inédit, c’est l’écriture d’une incroyable fluidité et leur enchainement fatal qui emporte le lecteur. Le déroulé alterne sans temps mort révélations, mystères, surprises et coups de poing !
L’histoire imaginée par Ed Brubaker lui fait évoquer l’immigration des Vietnamiens vers les Etats-Unis à la fin des années 70. Intégration compliquée et reconstruction d’un passé morcelé façonnent le caractère et l’histoire de Linh.
Tout en développant une enquête bien ficelée et aux détours sordides – culte sataniste, skinheads,… -, Ed Brubaker approfondi la psychologie de son personnage principal. Non pas comme dans le premier volume en évoquant son passé mais par petites touches faites de commentaires du personnage ou de réactions aux situations. Peu de scène d’action dans ce volume mais celles qui sont mises en scène font apparaitre une violence sous-jacente au personnage, dévoilant sa noirceur intérieure. Le scénariste offre également une palanquée de seconds rôles, véritables archétypes de salauds, truands, photographes véreux ou producteurs malsains qui fonctionnent totalement.
Le tome se clôt sur un épilogue assez touchant qui emmène le lecteur vers l’ultime volume que l’on réclame déjà !
La partie graphique de Sean et Jacob Phillips est encore et toujours un régal. Le dessinateur livre une mise en page ultra efficace et une ambiance parfaite où les décors et les designs typiques des lieux et de la période immergent totalement le lecteur. Le coloriste – qu’on adore également sur sa série That Texas Blood – utilise toujours son aspect impressionniste tout en proposant des teintes qui renforcent les séquences exposées. Difficile de résister, une nouvelle fois, à cet univers graphique.
Deuxième volume de la trilogie Reckless et nouveau coup de maitre ! Ce polar crasseux dans le Los Angeles des années 80 régale grâce à son écriture ciselée et son univers graphique fascinant !