Notre romance avec DC Comics s’est interrompue en septembre 2020 avec l’achèvement de l’excellent run sur Flash de Joshua Williamson, ouvrant une période trouble pour l’éditeur. L’occasion de renouer avec le plaisir si particulier de lire du super héros de qualité revient donc après des mois de propositions peu convaincantes, grâce à la mini-série Infinite Frontier orchestrée par…Joshua Williamson !
Suite aux événements de Death Metal, le nouveau statu quo a révélé à l’humanité l’existence du Multivers, établissant que notre Terre fait partie d’un ensemble de Terres parallèles. Mais Darkseid en a profité pour infiltrer les super héros de toutes les Terres. La Justice League Incarnée, menée par le président Superman Calvin Ellis, est chargée de démasquer les agents infiltrés.
Au contraire des New 52 qui était un reboot et faisait table rase du passé, Infinite Frontier souhaite plutôt faire la synthèse de la longue Histoire de DC Comics. Et ce n’est pas une mince affaire tant les multiples Crises ont, honnêtement, mis un bazar assez incompréhensible dans cette Histoire. Mais en connaisseur de la chose, Joshua Williamson réalise un travail assez impressionnant et plutôt accessible.
Infinite frontier #0 démarre l’aventure en remettant le statu quo à l’esprit du lecteur – que l’excellent édito d’Urban Comics fait, une nouvelle fois, très bien aussi – de façon efficace mais, comme souvent avec ce genre de numéro #0, l’impression d’un catalogue où chacun vient présenter en quelques pages sa future série n’échappe pas au lecteur. Mais l’ambition de mettre en scène l’ensemble du Multivers et de mettre en jeu personnages anciens, récents, célèbres ou méconnus est indéniable et excitant !
Pour la majorité des lecteurs, de nombreux personnages sont, au mieux un nom vaguement entendu ici ou là. Six Secrets Files, produits à l’origine en Digital et qu’Urban Comics a la bonne idée de proposer, viennent éclairer efficacement la lanterne des lecteurs. Si l’excellence scénaristique de ces épisodes ne saute pas immédiatement aux yeux, on peut affirmer sans crainte que le travail est fait par les auteurs et que les enjeux importants autour de ces personnages sont clarifiés. Utiles donc ces Secrets Files !
Débute alors, au milieu de ce beau pavé, la passionnante saga mitonnée par Joshua Williamson. Dès les premières pages, l’ambition est affichée. Les différents univers vont se mêler dans une aventure épique et pleine de rebondissements dans la grande tradition des Crises. Le premier épisode débute par un clin d’œil à l’origine classique d’un personnage mythique de l’éditeur pour ensuite enchainer, avec une efficacité redoutable et une fluidité plutôt impressionnante, un déroulé d’évènements classiques – au sens noble du terme : trahison, traumatismes personnels, ambitions individuelles qui prennent le pas sur le collectif,…
Joshua Williamson convoque une multitude de personnages avec leur background mais, si une connaissance minimale de l’Histoire de DC Comics permet de profiter davantage d’Infinite Frontier, plutôt que de constituer un handicap, cela donne l’envie d’aller les découvrir, ainsi que leur Histoire dans les récits passés. Le scénariste, comme il l’avait démontré sur Flash, est également un as du cliffhanger et, même s’il emploie de temps à autre quelques facilités scénaristiques pour résoudre certaines situations, il exploite parfaitement les 6 épisodes de sa mini-série, au sortir de laquelle on se retrouve revigoré et plein d’envie d’aller voir ce que peut donner ce DC nouveau, notamment la suite directe d’Infinite Frontier : Justice League Incarnate du même Williamson, qui vient de débuter en VO.
Côté partie graphique, le dessinateur espagnol Xermanico est l’artisan essentiel d’Infinite Frontier. Déjà vu sur la Justice League de Bendis ou Injustice, l’artiste obtient une forme de consécration bien méritée en œuvrant sur cette mini-série phare de l’éditeur. Son trait, d’une très grande régularité, est parfait pour cet univers mainstream, alliant plaisir des yeux et vraie personnalité. Inventif en terme de mise en page, dynamique dans les scènes d’action et maitre des designs des personnages, son dessin régale. Plus globalement, l’ensemble graphique de ce volume est de qualité avec la présence, notamment, de Paul Pelletier et Jesus Merino aux dessins, Romulo Fajardo Jr et Hi-Fi, aux couleurs.
Infinite Frontier redonne gout à DC Comics ! Ouvrant une nouvelle période que l’on espère excitante, Joshua Williamson offre une mini-série épique et référencée, tout en étant accessible.