Après avoir déconstruit nombre de héros de l’univers DC, Tom King s’attaque, cette fois-ci, au Joker, non pas en le déconstruisant mais en écrivant un moment clé de son existence, lorsqu’il est confronté pour la première fois à Batman. Le scénariste a déjà travaillé sur l’univers du Chevalier Noir lors de son long et passable run. Il propose ici un récit en 4 issues parues dans l’anthologie The Brave and the Bold en VO.
Batman, Année Un. Alors que Bruce Wayne est encore en phase d’apprentissage pour incarner pleinement le Chevalier Noir, Gordon se lance sur la trace d’un mystérieux clown psychotique en pleine folie meurtrière. Ses intentions sont floues, ses mobiles inexistants, et alors que Gotham est plongée dans la peur, Gordon et Batman vont apprendre ce qu’il en coûte de sous-estimer le Joker.
La forme autant que le fond
Comme souvent, Tom King mise au moins autant sur la forme que sur le fond. Son récit puise sa principale force dans l’écriture du Joker, d’une terrifiante folie. A travers une poignée de scènes lors desquelles le vilain se montre d’une glaçante insensibilité, le scénariste le fait dialoguer avec ses interlocuteurs à la façon des films muets, faisant défiler les « panneaux » de dialogues. Cela renforce le terrifiant côté détaché du personnage. Même si à la longue, une certaine lourdeur s’empare du procédé.
Techniques d’écriture plus ou moins pertinentes
A contrario, certaines scènes sont moins pertinentes et carencées en finesse, comme celles où intervient un playboy persuadé d’être le héros de Gotham. De la même manière, le procédé consistant à remplacer les injures par des symboles est particulièrement exaspérant et rend pénible la lecture. Au milieu de ces techniques d’écriture dont raffole Tom King, s’extirpe un Batman débutant tuteuré par un Alfred flegmatique plutôt bien écrit. Scénaristiquement, le bilan est donc mitigé.
Graphiquement impeccable
Grand complice de Tom King, Mitch Gerads rend, à nouveau, une copie impeccable qui offre un magnifique rendu de la terreur que procure le Joker. Pour qui n’est pas allergique aux grilles qui découpent la page, sa mise en page est redoutable, son trait, toujours aussi beau, ses teintes, pourvoyeuses d’ambiances angoissantes.
Tom King et Mitch Gerads s’attaquent, à nouveau, au Joker à travers un récit qui, s’il n’est pas dénué de certaines qualités, se révèle moins marquant qu’attendu !