Garth Ennis est remis à l’honneur chez Urban Comics avec La guerre, une mini-série créée avec Becky Cloonan et Tamra Bonvillain, issue de l’anthologie VO Hello Darkness.
Le récit de guerre est un genre récurrent chez le scénariste irlandais qui s’y aventure le plus souvent avec une formidable réussite ! On pense notamment aux deux sublimes volumes édités chez Komics Initiative : Battlefields – Femmes en guerre et hommes en guerre !
Vient l’apocalypse nucléaire
Mais cette fois-ci, l’auteur offre un tout autre angle de vue en ancrant son récit dans l’actualité puisqu’il y évoque la guerre en Ukraine et la possibilité d’un basculement nucléaire mondial. C’est le point de départ de son récit avec une conversation entre amis animée sur le sujet dans un petit appartement New-Yorkais. Puis l’impensable survient avec le déferlement nucléaire qui prend tout le monde de cours. L’on suit alors la destinée de chaque couple d’amis dans cette Amérique dévastée.
Réaliste et terrifiant
La guerre est sans doute l’un des récits les plus terrifiants de Garth Ennis. L’auteur fait preuve d’un réalisme totalement glaçant dans la description des événements et dans l’osculation des réflexions et des réactions des individus plongés dans pareil cataclysme.
Quelle attitude adoptée ? La fuite ? La solidarité ? Le renoncement ? Garder espoir ? Les portraits psychologiques des personnages prisonniers de cette fin du monde sont finement écrits et font ressortir tout le mauvais comme tout le bon de l’humanité. Difficile de ne pas être happer par ce récit qui vous étreint jusqu’à un dénouement choc qui pourrait toutefois diviser !
Graphiquement percutant
Becky Cloonan et Tamra Bonvillain livrent une prestation graphique qui rend bien compte de l’angoisse et de l’horreur qui parcourt le récit. De son trait crayeux, la dessinatrice capte parfaitement les émotions qui prennent possession des personnages et réalise des scènes d’apocalypse effrayantes. La coloriste propose des teintes sombres et mates qui accentuent cette atmosphère de fin du monde.
Un format de publication restreignant
Néanmoins, La guerre pâtit de son format de publication original avec des épisodes d’une douzaine de pages – excepté le premier, plus long – qui donne un rythme parfois irrégulier et laisse une drôle d’impression à la lecture, comme si Garth Ennis manquait parfois de place.
La guerre est un récit apocalyptique terrifiant et réaliste remarquablement écrit qui pâtit toutefois de son format qui en atténue quelque peu la force.