Nouveau titre issu de chez DSTLRY à sortir chez Delcourt, Spectregraph bénéficie d’une équipe créative de choc !
James Tynion IV est sur tous les fronts ces derniers mois et le voir arriver chez DSTLRY n’est finalement pas surprenant ! Le scénariste propose un nouveau récit de terreur qui s’appuie sur le style graphique singulier de Christian Ward.
La maison hantée revisitée
Un manoir étrange, niché sur la côte, à quelques kilomètres au nord de Los Angeles est dit hanté. Son propriétaire, un magnat de l’industrie, avait une étrange fascination pour l’occulte et le paranormal. Depuis des décennies, les hommes et les femmes les plus riches du pays cherchent à comprendre ce qu’il y construisait. Maintenant, alors qu’il vient de mourir, ils ont hâte de le découvrir…
Un duo de personnages bien écrit
James Tynion IV reprend le concept de la maison hantée pour proposer un huis clos réussi. Son histoire repose sur un duo de femmes assez surprenant dans sa caractérisation. La première semble fragile et désemparée quand la deuxième affirme toute son assurance mystique. Mais une fois passées les portes du manoir, tout change de façon inattendue. Leurs relations faites de découvertes puis de collaboration vitale sont bien écrites. James Tynion IV développe leurs passés avec efficacité à travers une série de longs flashbacks qui éclairent les fragilités et les forces de chacune.
Quête d’immortalité et terreur au programme
Au fil de trois copieux épisodes et par des aller-retours à différentes époques de la fin du XXème siècle à nos jours, James Tynion IV évoque différents thèmes comme la quête d’immortalité ou la fascination pour l’occulte, et pose un regard sur les rapports de classes sociales. Le scénariste exploite également plutôt bien l’aspect horrifique de son récit, même s’il aurait sans doute pu aller plus loin. Mais ce n’est finalement sans doute pas l’objet premier de son récit et si quelques rebondissements sont parfois un peu faciles, le suspens est bien entretenu.
Fascinante mais irrégulière partie graphique
Spectregaph repose également sur la partie graphique de Christian Ward. L’artiste au style si singulier, que l’on a globalement apprécié sur Invisible Kingdom ou Aquaman Andromeda installe une ambiance vraiment captivante par ses couleurs, ses designs et ses compositions. L’artiste n’a pas son pareil pour instiller une atmosphère inquiètante en usant de contraste entre les noirs et ses teintes vives.
L’aspect horrifique est également bien mis en scène avec des planches fantomatiques très souvent glaçantes. Néanmoins, une nouvelle fois, certaines cases semblent bâclées avec des visages parfois mal fichus, notamment lorsque l’artiste cherche des expressions particulières. Ses lignes s’égarent alors et c’est vraiment dommage tant le reste de son esthétique impose de forces.
Spectregraph est une nouvelle œuvre originale dans la bibliographie de James Tynion IV. Dans un contexte horrifique dont il est coutumier, l’auteur focalise son récit sur un duo de personnages bien écrit. Christian Ward instille, avec son style singulier, une atmosphère des plus envoutantes même si l’on regrettera quelques lignes qui s’égarent. Une très bonne lecture !