Caitlin Yarsky : « Je pense que les lecteurs sont parfois plus ouverts à certains concepts lorsqu’ils s’inscrivent dans un cadre fantastique ! »

Découverte sur Coyotes et Bliss en compagnie de Sean Lewis, Caitlin Yarsky a lancé sa première série en solo avec Living Hell aux débuts très réussis ! L’artiste évoque la création de ce récit fantastico-familial ! 

For English speakers, please find lower the interview in its original version.


Création

Comment est né Living Hell ? Vous aviez la volonté d’écrire vos propres histoires depuis longtemps ? Qu’est-ce qui vous a décidé à vous lancer dans l’aventure de la création en solo ?

Caitlin Yarsky : Living Hell était l’une des quelques idées que j’avais présentées à divers éditeurs. J’ai commencé à penser à l’écriture après avoir été engagé par BOOM ! pour écrire et dessiner une histoire courte pour Buffy contre les vampires. C’était très amusant et je connaissais déjà beaucoup de choses sur cet univers, c’était donc l’occasion idéale de me lancer dans l’écriture.

Living Hell est une histoire de Fantasy. C’est définitivement le genre que vous appréciez le plus ? 

Caitlin Yarsky : J’ai toujours été une grand fan de fantasy et de science-fiction. En grandissant, j’ai été attirée par tout ce qui me permettait d’échapper au monde réel. Et même si j’apprécie toujours cet aspect, j’apprécie aussi la façon dont nous pouvons partager des idées sur la condition humaine à travers le prisme de la fantasy. C’est un excellent moyen de présenter aux gens des concepts difficiles, et je pense que les lecteurs sont parfois plus ouverts à ces concepts lorsqu’ils s’inscrivent dans un cadre fantastique.

Ecriture

Living Hell est une histoire en 4 parties. C’est relativement court. C’est un choix qui s’est imposé dès la genèse de l’histoire ? En termes d’écriture, ça vous oblige à être efficace mais au risque de peut-être ne pas développer suffisamment votre univers. Comment avez-vous géré tout cela au moment d’écrire ?

Caitlin Yarsky : La courte longueur de la série a été choisie par Dark Horse. Mon projet initial prévoyait 7 ou 8 numéros, et je reconnais que cela aurait permis de développer davantage l’univers et les personnages si l’on m’avait donné plus d’épisodes. Je suppose que c’est parce que j’écrivais pour la première fois et qu’ils tentaient leur chance avec moi et ne voulaient pas perdre trop d’argent en avances si la série était un échec.

Dans Living Hell, il y a, en parallèle de l’aspect fantastique, une composante familiale forte que vous écrivez remarquablement bien, notamment grâce à des scènes qui sont à la fois touchantes et drôles. Comment avez-vous eu ces idées qui fonctionnent totalement pour saisir ces relations familiales ?

Caitlin Yarsky : Bien que ma famille ait connu deux divorces pendant mon enfance, j’ai un lien très fort avec mon père, ma belle-mère et leurs enfants (mes demi-frères et sœurs). Nous aimons rire (souvent l’un de l’autre) ; le sarcasme est en quelque sorte notre langage amoureux. Mais nous apprécions la compagnie de l’autre et je me réjouis de les voir, de plaisanter et de parler de tout ensemble. Je pense que j’ai une famille assez unique et que cela valait la peine de la mettre dans l’histoire (pour info, ma belle-mère n’a rien à voir avec Sita – elle est un amalgame d’autres personnes que je connais).

Les relations entre personnages sont également bien écrites et sonnent justes, comme dans les séquences entre Jo et Toby ou Jerome et Felix . C’est un aspect de l’écriture de Living Hell qui a été facile à mettre en place ?

Caitlin Yarsky : La dynamique des relations a été ma partie préférée dans l’écriture de cette série. J’ai puisé beaucoup d’idées dans des morceaux de ma vie, notamment des amis, des collègues et des membres de ma famille. Toby, par exemple, est largement inspiré de mon meilleur ami d’enfance.

Dessin

Vos designs de personnages humains comme démons sont superbes. Vous avez passé beaucoup de temps sur la création graphique de ces personnages ? Il y a eu beaucoup d’évolution au fil de la création ?

Caitlin Yarsky : Je vous remercie ! J’ai passé une TONNE de temps à travailler sur le design des personnages. L’interprétation des personnages est ma partie préférée du processus artistique, et leurs dessins ont subi de nombreuses itérations pendant des mois avant d’arriver à la version finale.

J’ai refeuilleté Bliss que vous avez créé avec Sean Lewis à l’époque où nous avions fait notre premier interview ensemble. L’évolution de votre dessin saute aux yeux avec le sentiment de davantage de maitrise dans votre trait et d’une palette de couleurs plus riche et plus nuancée. Ce sont des domaines sur lesquels vous vous êtes focalisée au cours de ces dernières années ?

Caitlin Yarsky : Je pense que si nous nous remettons toujours en question, l’évolution d’un dessinateur de BD est inévitable. Je conserve constamment des images de référence de magnifiques palettes de couleurs tirées de films, d’animations, de concepts artistiques et d’illustrations, et j’essaie d’apprendre à atteindre la complexité des images qui m’inspirent. Par exemple, Les Triplettes de Belleville et L’Illusionniste ont eu une influence considérable sur la palette de couleurs ; j’adore les palettes sépia et les riches tons de terre de ces films, ainsi que les tons sourds. J’ai également été inspirée par les arrière-plans des 101 Dalmations.

Projets
Quels sont vos prochains projets en comics ? Peut-être une nouvelle création solo ?

Caitlin Yarsky : Étant donné que les comics creator-owned ont tendance à être moins bien payés que les autres bandes dessinées, je vais travailler pour le compte d’Oni et de Dark Horse au cours de l’année à venir. J’ai hâte de revenir à mes propres projets bientôt. J’ai une tonne d’idées prêtes à être lancées !

Entretien réalisé par échange de mails. Merci à Caitlin Yarsky pour sa disponibilité et sa grande gentillesse !


Discovered on Coyotes and Bliss in the company of Sean Lewis, Caitlin Yarsky has launched her first solo series with Living Hell, a highly successful debut! The artist talks about the creation of this fantasy-family tale!

Writing

How did Living Hell come about? Had you wanted to write your own stories for a long time? What made you decide to go in a solo creation ?

Caitlin Yarsky : Living Hell was one of a handful of ideas I had been pitching to various publishers. I started thinking about writing after I was hired by BOOM! to write and draw a short story for Buffy the Vampire Slayer. It was really fun and I knew a ton about that world already, so it was the perfect foray into writing.

Living Hell is a fantasy story. Is this definitely the genre you enjoy most? 

Caitlin Yarsky : I’ve always been a huge fan of fantasy and sci-fi. Growing up, I was drawn to anything that let me escape the real world. And while I still enjoy that aspect of it, I also appreciate the ways we can share ideas about the human condition through the lens of fantasy. It’s a great way to introduce a lot of challenging concepts to people; and I think sometimes readers are more open to those concepts when it’s cloaked in a fantasy setting.

Living Hell is a 4-part story. It’s relatively short. Was this an obvious choice from the very beginning of the story? In terms of writing, it forces you to be efficient, but at the risk of perhaps not developing your universe sufficiently. How did you manage all this when you were writing?

Caitlin Yarsky : The short run of the series was Dark Horse’s choice. My original pitch included 7 or 8 issues, and I agree it would’ve helped develop the world and characters more if I’d been given more books. I assume it’s because I was a first time writer, and they were taking a chance on me and didn’t want to waste too much on advances if the series flopped.

In Living Hell, alongside the fantasy aspect, there’s a strong family component that you write remarkably well, notably thanks to scenes that are both touching and funny (I’m thinking of the school video scene in #1 or the film dubbing in #2). How did you come up with the ideas that work so well to capture these family relationships?

Caitlin Yarsky : Although my family went through two divorces as I was growing up, I have a strong connection with my dad and stepmom and their kids (my half siblings). We love to laugh (often at each other); sarcasm is basically our love language. But we enjoy each other’s company and I look forward to seeing them, joking around, and talking about everything together. I think I have a pretty unique family and that it was worth putting it into the story (for the record, my stepmom is nothing like Sita- she’s an amalgam of other people I know).

The relationships between characters are also well written and ring true, as in the sequences between Jo and Toby or Jerome and Felix. Was this an easy aspect of the Living Hell writing process?

Caitlin Yarsky : Relationship dynamics were my favorite part of writing this series. I took a lot of ideas from bits and pieces of people in my life, including friends, colleagues and family. Toby, for example, is largely based on my best friend from childhood.

Drawing

Your character designs, both human and demon, are superb. Did you spend a lot of time on the graphic creation of these characters? Was there a lot of evolution along the way?

Caitlin Yarsky : Thank you! I spent a TON of time working out the character designs. Character acting is my favorite part of the art process, and their designs went through many iterations over many months to get to the finals.

I took another look at Bliss, which you created with Sean Lewis back when we did our first interview together. The evolution of your drawing is obvious, with a feeling of greater mastery in your line and a richer, more nuanced color palette. Are these the areas you’ve been focusing on in recent years?

Caitlin Yarsky : I think if we’re always challenging ourselves that the evolution of a comic book artist is inevitable. I’m constantly saving reference images of beautiful color palettes from movies, animation, concept art and illustration, and trying to learn how to achieve the complexity of the images that inspire me. For example, The Triplets of Belleville and the Illusionist were huge influences on the color palette; I love the sepia, rich earth-tone palettes throughout those movies, and the muted tones. I was also inspired by backgrounds from 101 Dalmations.

Projects

What are your next projects in comics? Perhaps a new solo creation?

Caitlin Yarsky : Since creator-owned books tend to pay less than other comic work, I’ll be doing some work for hire art with Oni and Dark Horse in the coming year. I look forward to getting back to my own pitches again soon though. I’ve got a ton of ideas ready to go!

Interview made by email exchange. Thanks to Caitlin Yarsky for her availability and her great kindness.