Doctor Strange Fall Sunrise(VF)

Doctor Strange Fall Sunrise
Date de Sortie
24 janvier 2024
Scénario
Tradd Moore
Dessin
Tradd Moore assisté de Jensine Eckwall
Couleurs
Heather Moore
Editeur
Panini
La note de ComicStories
7.5

Tradd Moore est l’un des dessinateurs les plus originaux et fascinants du moment avec un art aussi unique qu’inédit ! Découvert sur Luther Stroke, scénarisé par Justin Jordan, le dessinateur a déjà coché la case Marvel en compagnie de Donny Cates sur Silver Surfer Black qui avait subjugué graphiquement, profitant de l’univers cosmique du personnage pour éclater la rétine des lecteurs. Pour son premier projet solo, l’artiste a choisi un autre personnage à même de lui offrir un terrain de jeu à la hauteur de sa folie artistique : Doctor Strange !

Présenté dans un format Prestige justifié et bien édité par Panini, Fall Sunrise entraine Stephen Strange dans un monde inconnu dans lequel il arrive sans savoir comment. Désireux de rentrer chez lui, le Sorcier Suprême va devoir arpenter ce monde plein de mystères et de dangers avant de comprendre qu’il est au centre d’un conflit mettant des milliers d’âmes en péril.

Amitieux mais opaque

Tradd Moore propose un ambitieux projet, que cela soit graphiquement ou scénaristiquement, qui tranche clairement avec la production usuelle de la Maison des idées. S’appuyant sur une mythologie mystique riche de sens mais particulièrement opaque pour les nombreux non initiés, l’auteur ne guide guère le lecteur dans son labyrinthe scénaristique. La forme va donc primer sur le fond, faut-il encore que l’ésotérisme poussé à l’extrême ne perde définitivement le plus volontaire des lecteurs. Chacun trouvera l’envie ou non de se laisser porter par le dessin sans forcément être impliqué dans l’histoire. On pourra toutefois croiser de multiples références, qu’elles soient cinématographiques, bédéphiles ou philosophiques, et l’on pourra se laisser séduire par une dernière partie possédant davantage de chair et amenant des émotions moins palpables auparavant.

Déformation professionnelle

L’univers onirique et mystique de Doctor Strange est l’espace parfait pour l’artiste qui peut laisser libre court à ses envies graphiques. Tradd Moore base son art sur la déformation tout en dynamitant les codes de l’art séquentiel traditionnel. Tordre les formes pour aller vers l’abstraction ou le surréalisme, jouer sur avec la géométrie à la façon d’un Kandinsky, égarer l’œil du lecteur dans des double-pages survolant des scènes grandioses, l’emporter dans des tourbillons psychédéliques, s’accorder quelques entractes au gout d’enluminures médiévales : autant de combinaisons graphiques qui démontrent l’immense richesse de l’art de Tradd Moore et sa virtuosité. La colorisation d’Heather Moore n’est pas pour rien dans l’impression de richesse et de folie du dessin de l’artiste, avec une palette extrêmement large qui met en valeur les multiples expérimentations de Tradd Moore.

Tradd Moore fait une proposition artistique hors du commun et ambitieuse qui emporte le lecteur dans un univers graphique aussi riche que singulier. Néanmoins, la caractère particulièrement ésotérique et opaque de son scénario pourra perdre le plus volontaire des lecteurs. Chacun trouvera son chemin dans cette lecture sans pareil !

Points forts
Une partie graphique hallucinée et hallucinante
Un projet ambitieux...
Points faibles
...qu'un scénario opaque et très ésotérique vient parasiter
Le format Prestige bienvenu
7.5
  1. Attention, gros morceau artistique ! Le dessinateur Tradd Moore, sa femme coloriste Heather, son style ultra psychédélique, au service du Sorcier Suprême ? Il y a comme une évidence là dedans, mais l’artiste est seul scénariste là dessus.
    Peut-il se transcender lui-même via une écriture aussi trépidante et profonde ?
    Pas vraiment, en fait on a plutôt l’impression que l’histoire s’écrit uniquement via ses dessins, la forme et le fond ne faisant qu’un… et derrière il n’y a qu’un classique pitch où Stephen débarque dans un autre monde dangereux pour aider des personnes, en tant que héros et aussi en temps que médecin.

    Au delà de ça, on a droit à une expérience visuelle monstrueuse, qui déverse littéralement des tonnes d’organismes sur des pages et des pages (4 numéros seulement), où les concepts fondamentaux de notre univers sont quasi absents. C’est ultra ésotérique, c’est souvent angoissant, c’est aussi hallucinant qu’halluciné, on dirait du Winsor McCay mélangé à Mike Mignola et vu à travers une lampe à lave…
    Il y a un tel paquet de références là dedans qu’il est peut-être impossible de toutes les lister exhaustivement
    https://www.comicsblog.fr/47423-Doctor_Strange__Fall_Sunrise_plongeee_dans_le_superbe_labyrinthe_de_lesprit_de_Tradd_Moore

    Inconfortable pour certains lecteurs (ou spectateurs), qui sont trop habitués à des récits où tout doit être structuré selon des codes, y compris quand il s’agit de faire exister des personnages précis, ou de créer du sentiment.
    Pas de ça ici, mais on ne pourra pas nier qu’il y a du gros boulot accompli (des années de travail, et merci à Panini Comics de l’avoir édité seulement en version Prestige).
    Alors la façon la plus satisfaisante d’appréhender ce bouquin, formidable anomalie au sein des comics Marvel, et totalement inadaptable en action réelle…
    C’est en se mettant soi-même dans les pas de Strange, en se laissant porter et en Ressentant tout ce qui s’y passe. Vous n’allez pas tout comprendre, mais vous en aurez une petite idée, vous l’aurez sur le bout des lèvres, peut-être jusqu’à la fin de votre vie.
    Soyez vivant, n’ayez pas (trop) peur.

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