Grandville (VF)

Grandville
Date de Sortie
3 février 2023
Scénario, dessin & couleurs
Bryan Talbot
Traduction
Phillipe Touboul
Editeur
Delirium
La note de ComicStories
10

Artisan de quelques classiques de chez 2000AD (Nemesis, Judge Dredd) ou de chez Vertigo (Sandman, Hellblazer, Fables), Bryan Talbot s’est lancé en 2009 dans l’élaboration d’une série d’enquêtes dans un monde uchronique mêlant ambiance à la Sherlock Homes et univers graphique mixant Steampunk et Art nouveau. Grandville se présente en cinq volumes – dont trois inédits en France – dans une superbe édition proposée par Delirium ! Ce premier tome démarre la série de façon exceptionnelle !

Il y a 200 ans, Napoléon a vaincu l’Angleterre et soumis l’Europe. Paris, désormais surnommée Grandville, est la plus grande ville du monde. Mais des troubles ont lieu, sur fond d’indépendance anglaise et de terrorisme. Suite à une série de meurtres, les autorités anglaises envoient leur meilleur enquêteur : l’inspecteur détective Lebrock.

Dès les premières pages, la couleur est annoncée par Bryan Talbot ! Personnages anthropomorphes, course poursuite dans des véhicules customisés Steampunk, costumes très British ! Le lecteur est plongé dans un univers original et rudement excitant ! Inspirée par les travaux de Jean Ignace Isidore Gérard –  surnommé Grandville – caricaturiste français aux personnages anthropomorphes et d’Albert Robida, créateur de récits d’anticipation du début du XXème siècle, la série de Bryan Talbot est un mix parfait de la finesse et l’ironie des enquêtes de l’inspecteur de Scotland Yard et de l’anticipation propre au récit Steampunk. A ces composantes redoutablement mises en place, l’auteur ajoute une petite dose d’action débridée à la Tarantino !

Bryan Talbot imagine une enquête que ne renierait pas Sir Arthur Conan Doyle ! Maligne, ponctuée de rebondissements surprenants menant à un complot bien plus grand que ce qu’imaginé au départ, l’intrigue est menée habillement et rendue addictive par un rythme narratif réglé comme du papier à musique. Mené par des personnages particulièrement bien caractérisés, le récit plonge le lecteur dans un monde poisseux et plus mature que ne le laisse penser l’environnement initial. Droit dans ses bottes et n’hésitant pas à recourir à une violence expéditive, Lebrock est un personnage atypique digne des thrillers les plus sombres. Abordant des thèmes comme la corruption politique et journalistique, l’extrémisation des opinions, la manipulation des masses, Grandville montre une grande pertinence dans son propos. Le scénariste multiplie également les hommages et références, notamment à la bande dessinée française, qui viennent s’insérer de façon souvent ironique.

Bryan Talbot livre une partie graphique particulièrement époustouflante dans sa maitrise de l’ambiance et des personnages. Le dessinateur travaille idéalement l’expressivité de ses protagonistes anthropomorphes et son environnement urbain, riche en détails et ultra documenté, et les scènes d’action bénéficient d’un rythme narratif bluffant. Une partie graphique impressionnante qui impose parfaitement le mix réussi du récit.

Pour parfaire le plaisir de lecture, Delirium ajoute des bonus pertinents et conséquents : commentaires de l’auteur, cahier iconographique, guide des références artistiques ravissent le lecteur curieux !

Grandville est une bande dessinée généreuse qui propose un univers riche et une intrigue addictive ! Quand Sherlock Holmes se retrouve dans un thriller à l’ambiance Tarantinesque et aux décors Steampunk, on est forcément ravi ! Génial !

Points forts
Un univers mixant enquête à la Sherlock Holmes, ambiance Steampunk et action à la Tarantino très réussi
Une partie graphique exceptionnelle
Les bonus
Les multiples références
10