Mathieu Bablet est de retour au Label 619 pour une nouvelle grande œuvre de Science-Fiction ! Après un détour par l’excellent Shin Zero, en compagnie de Guillaume Singelin, l’artiste clôt sa trilogie avec l’ambitieux et réussi Silent Jenny, récit post-apocalyptique sombre et désespéré !
L’écroulement du monde
Dans un futur lointain, l’ensemble de la biodiversité a disparu, condamnant les humains à vivre dans un monde stérile à bord de Monades, sorte de villages mobiles où des micro-sociétés solidaires s’élaborent. Au sein de l’une d’entre elles vit Jenny, une jeune femme solitaire bien décidée à retrouver des traces d’ADN d’abeilles et, par là-même, le monde d’antan.

Un récit d’une immense richesse
Mathieu Bablet livre, après Shangri-la et Carbone & Silicium, une nouvelle œuvre monde aussi dense que captivante. Au fil de 300 pages, l’artiste élabore un univers d’une immense richesse où rien n’est laissé au hasard. Chaque élément trouve sa juste place dans un récit très élaboré. L’auteur y aborde des thèmes qui lui sont chers comme l’anéantissement de la biodiversité et ses conséquences considérables, le monde du travail où l’individu est exploité et subit des entraves administratives – que l’auteur raille en usant d’un running gag efficace qui allège l’atmosphère lourde -, la façon de faire société – en questionnant notre capacité à être solidaires, à transmettre des valeurs -, la solitude des individus dans une société où la communication n’est plus, la quête de sens à travers l’élaboration de nouveaux rites. Mathieu Bablet y ajoute quelques thèmes nouveaux comme la mort assistée, abordée de façon subtile et émouvante.

Jenny, entre espoir et abattement
A travers la quête désespérée de Jenny, Mathieu Bablet émeut et capte le lecteur ! Le personnage est habilement caractérisé, entre espoir et abattement, solitude et liens avec les autres qui se défont. Profondément humaine, elle se détache petit à petit des autres, se questionnant toujours plus sur le sens de son existence et l’évolution du monde qui l’entoure, sombrant métaphoriquement dans la dépression en allant chercher en profondeur des réponses. Les personnages secondaires sont aussi passeurs de messages et de réflexions sur notre époque. Les enfants dont on ne sait comment les éduquer sans perdre crédibilité à leurs yeux tout en les protégeant du mieux que l’on peut. Ceux que l’on souhaite ignorer et que l’on a tendance à exclure, comme les Mange-cailloux ou les Calcifiés.
Une grandiose prestation graphique
Graphiquement, Mathieu Bablet livre une prestation grandiose où l’atmosphère de fin du monde est parfaitement rendue avec des paysages arides et sans vie, et des profondeurs où la mort rode. Son élaboration en détails de l’univers est remarquable. Les designs des Monades, des lieux, des personnages sont minutieusement pensés, trouvant une multitude d’inspirations. Le travail sur les couleurs est exceptionnel. Avec des teintes mates et plutôt sombres, l’artiste renforce son atmosphère apocalyptique.

Avec Silent Jenny, Mathieu Bablet conclut de façon magistrale sa trilogie sur les grands thèmes de la Science-Fiction !


