Spécialiste des projets ancrés dans des univers alternatifs (DCeased, Injustice, Dark Knight of Steel,…), Tom Taylor a aussi prouvé toutes ses qualités sur des séries installées dans la continuité. Son run sur Nightwing a été globalement une réussite malgré une certaine irrégularité. Sa progression naturelle était d’arriver sur une série phare de l’éditeur c’est-à-dire un titre Batman.
Le retour du Batman détective
Le voici donc qui prend la suite de Ram V sur la mythique série Detective Comics. Si le scénariste d’origine indienne a proposé un récit crépusculaire et mystique ambitieux mais aussi parfois nébuleux (Batman Nocturne), l’auteur australien renoue avec le Batman détective tel qu’il fut à de grandes périodes de l’Histoire du personnage chéries des lecteurs. Tout en reprenant également une certaine simplicité dans la construction de son intrigue, Tom Taylor n’en n’oublie pas d’utiliser toute la richesse de l’univers DC Comics.
Crime Alley, passage obligé
L’auteur replonge le lecteur dans le passé, au moment où le drame familial va façonner le personnage dual qui va devenir Bruce Wayne. Mais un mystère demeuré autour de cette nuit de Crime Alley s’apprête à être révélé et va impacter le présent alors que la ville est en proie à un nouveau tueur en série qui s’attaque à des orphelins.
Efficace et épuré
Tom Taylor fait preuve d’une certaine épure dans son écriture, chassant toute volonté de sensationnel comme on a pu le voir récemment sur d’autres runs peu mémorables. Son enquête est d’une redoutable efficacité – même s’il use de temps à autres de quelques facilités – et d’un grand classicisme, au sens noble du terme. Sa grande force tient dans l’utilisation du cast de personnages et des thèmes développés.
Des personnages bien caractérisés
Tom Taylor écrit parfaitement les différents protagonistes de l’univers DC Comics qu’il met en scène (Robin, Oracle, Superman,…) et les intègre au récit de façon impeccable. Il convoque également un nouveau personnage féminin qu’il caractérise de façon classique mais qu’il dote d’une belle épaisseur psychologique.
Droit à la seconde chance
La plus grande force de ce premier arc réside dans les thèmes abordés. Si sa réécriture du contexte des évènements de Crime Alley avait initialement de quoi faire grincer des dents, l’exécution qui en découle s’avère réussie. Reprenant subtilement le grand classique « Batman ne tue pas », Tom Taylor développe une réflexion autour du droit à la seconde chance, du traitement des mineurs par la justice des adultes, du pardon ou encore du prix de la vie. Si l’ensemble ne se fait pas avec une immense profondeur, il ne pâtit pas d’une certaine candeur dont l’auteur fut parfois coupable.
Tom Taylor gère parfaitement le rythme de son histoire qu’il enrobe dans des dialogues très bien écrits et qui sonnent justes, et l’on ressort de cette première enquête avec un sentiment de grande satisfaction.
Mikel Janin, en grande forme !
D’autant que Mikel Janin, qui s’occupe de l’intégralité des épisodes, nous en met plein la rétine ! Son dessin est remarquable de régularité et d’élégance, tout en ne cherchant pas à épater gratuitement, à l’image du scénario. Sa mise en page rythme bien le récit et sa maitrise des designs est impeccable. L’artiste s’attèle également aux couleurs et c’est aussi une réussite !
Tom Taylor réussit ses débuts sur Detective Comics en livrant un récit riche, haletant et d’une belle sobriété narrative qu’on est ravis de retrouver et qui tranche avec certains excès d’esbrouffe récents sur le personnage de Batman ! Mikel Janin apporte, de son côté, son trait élégant ! Un premier arc convaincant !