Fidèle à son idée de soutenir les auteurs que l’éditeur adore, Delirium propose une nouvelle bande dessinée signée Bryan Talbot après la géniale saga Grandville, le formidable L’histoire d’un vilain rat ou encore Nemesis le sorcier !
Pouvant se présenter comme une sorte de prequel à Grandville mais pouvant s’aborder aussi sans rien connaitre de l’univers, Les carnets de Stamford Hawksmoor propose une enquête à la Conan Doyle menée par Stamford Hawksmoor, le mentor de Lebrock, héros de Grandville.
Une riche et passionnante intrigue personnelle et politique
On y découvre le personnage et son entourage tout en suivant une intrigue policière passionnante. L’ouvrage s’ouvre d’ailleurs par une séquence mettant en scène le suicide du frère de Hawksmoor, évènement dramatique sur lequel le détective s’empresse d’enquêter. Les bases sont posées pour un récit qui va mêler intrigues personnelle et politique.
Les carnets de Stamford Hawksmoor se place à nouveau dans l’univers uchronique de Bryan Talbot où il y a deux cents ans, l’Angleterre perdit la guerre contre Napoléon et fut occupée par l’Empire français. En proie à une série d’attentats meurtriers ponctuant une période d’insurrection, le jour de l’indépendance est enfin arrivé. C’est dans ce contexte que Hawksmoor va devoir se dépêtrer d’un complot politique mêlant chantage, corruption et règlements de comptes.
En totale maitrise scénaristique et graphique
Bryan Talbot maitrise totalement tous les pans de son récit qu’il parvient à mêler avec une habileté hors norme. Au fil d’une récit d’une impressionnante fluidité malgré sa densité, l’auteur développe remarquablement son protagoniste principal au profil riche et nuancé, tout en utilisant à merveille le contexte social et politique de son univers. Son écriture précise et truffée de références variées est un régal. Le familier de Grandville y trouvera aussi avec plaisir des personnages de la saga sans que le néophyte soit perdu.
A travers son intrigue complexe et maligne que n’aurait pas reniée pas le créateur de Sherlock Holmes, Bryan Talbot parle également avec pertinence d’intolérance, de racisme, de nationalisme, de différence sociales, de domination par les puissants.
Graphiquement, l’artiste distille un dessin très riche, dans l’esprit de Grandville mais en sépia. Les personnages anthropomorphes, les décors détaillés inspirés de l’Angleterre Victorienne, les jeux de mise en scène sont parfaits ! Un travail d’une précision diabolique !
Delirium réalise à nouveau un travail d’édition remarquable avec un livre à la fabrication irréprochable et aux bonus délectables !
Dense, complexe, malin, référencé et passionnant, Les carnets de Stamford Hawksmoor est un nouveau chef d’œuvre signé Bryan Talbot !