John Byrne est un monument des comics ! Son influence sur les univers Marvel et DC Comics avec ses runs sur X-Men, Fantastic Four, Superman, pour ne citer que les plus célèbres, ainsi que ses propres créations dont Next Men est peut-être le plus connu, est immense. En grand dénicheur de classiques anciens, l’éditeur Delirium vient d’en sortir un premier tome constitué des 9 premiers épisodes sur 31 pour le premier volume VO.
Next Men est le fruit de Freaks, une série proposée en 1986 à DC Comics que l’éditeur a refusée. En 1992, John Byrne reprend son concept et lance Next Men, qui fera date. Un groupe de jeunes gens fait l’objet d’expériences génétiques menées par l’armée dans le plus grand secret. Élevés dans un monde virtuel, la « serre », ils vivent une existence plutôt paisible même si certains « s’effacent » parfois. Un responsable du gouvernement vient visiter le laboratoire où se tient l’expérimentation mais la visite dérape et les Next-Men basculent dans le monde réel.
Si la série peut faire penser aux X-Men de par son titre et son sujet, elle se démarque par son ton extrêmement adulte et ses thèmes abordés. Comme le souligne Xavier Fournier dans sa préface, John Byrne fait preuve d’un réel avant-gardisme. Tout en livrant un thriller d’anticipation passionnant, il balaye des thèmes rarement abordés dans le comics : la difficulté d’être différent au travers du regard des autres, la banalisation du sexisme ordinaire, le viol, la corruption politique et l’ivresse du pouvoir. La richesse proposée et la construction du récit, fait de rebondissements crédibles, en font une oeuvre indispensable.
John Byrne livre une partie graphique très mature et moderne pour son époque. Malgré les ans passés, son travail n’a pas vieilli d’un pouce. Extrêmement précis et détaillé, son dessin bénéficie d’un dynamisme incroyable dans les scènes d’action. Le réalisme des décors et l’inventivité des designs renforcent l’immersion du lecteur. Si les couleurs de Matt Webb reflètent, évidemment, les années 90 dans leurs teintes, elles ne sont nullement criardes comme sur d’autres œuvres de la même période.
