Michael Walsh a déjà démontré son amour pour le genre horrifique, notamment en créant l’anthologie Silver Coin. Comme il le dit dans la préface, Frankenstein est l’un de ses personnages préférés, que cela soit en roman ou en film. Avec la collection Universal Monsters, l’occasion était trop belle pour la laisser échapper !
Le mythe adapté avec succès !
Tout le monde a déjà entendu parler de la créature du Docteur Henry Frankenstein, créée à partir de membres récupérés sur des cadavres provenant de tombes que le scientifique a profanées. A l’histoire créée en 1817 par Mary Shelley et adaptée en film en 1931 par James Whale, Michael Walsh ajoute des éléments personnels qui s’intègrent parfaitement au récit et y ajoutent une dimension émotionnelle forte.
Issue de la folie des grandeurs de son créateur, la créature de Frankenstein est une victime qui subit humiliations et rejets de la part des humains de par son aspect effrayant et les terreurs qu’il suscite. Le mélange de candeur et d’accès colériques du monstre – issu des parties qui le composent : les mains d’un père, le cerveau d’un dément, le cœur d’un amoureux – amène une forme d’empathie que Michael Walsh saisie parfaitement. L’histoire traite également d’une autre façon du regard des humains sur les « monstres » avec le destin de Fritz, l’assistant de Frankenstein, bossu sans cesse brutalisé, ou encore Elizabeth, la future épouse du Docteur, véritable puits de bonté. Michael Walsh, ajoute le personnage de Paul, jeune orphelin qui se trouve embarqué dans l’histoire et témoin des événements qui s’enchainent. A travers lui, l’artiste évoque avec force le deuil, l’amour filial, la vengeance et le pardon.
Se déroulant d’une certaine façon en marge du récit original, l’histoire proposée par Michael Walsh se montre solide, cohérente et émouvante.
L’effroi suggéré ou exposé
L’artiste montre une véritable habileté pour rendre palpable l’horreur, qu’elle soit visuelle ou psychologique. Préférant régulièrement suggérer plutôt que montrer, Michael Walsh évoque l’effroi que provoque la créature sans la montrer, renforçant à la fois l’aspect glaçant et l’empathie que l’on lui porte. Mais l’artiste sait aussi saisir des moments forts qu’il représente souvent sur de pleines pages marquantes. Les couleurs de Toni-Marie Griffin renforcent l’atmosphère fantastique du titre tout en dialoguant avec les noirs de Michael Walsh.
Michael Walsh s’approprie le mythe de la créature de Frankenstein en proposant une adaptation réussie, mêlant effroi et émotion.