Hyper productif ces dernières années en termes de séries indépendantes, James Tynion IV déçoit très rarement lorsqu’il n’est pas du côté mainstream des comics. Avec Le Déviant, l’auteur propose un thriller oppressant, intime et horrifique. Il s’associe pour cette histoire à Joshua Hixson, découvert dans The Plot ou Shanghai Red parus chez HiComics et qui excelle dans ces genres.
Milwaukee, 1972. Une série de meurtres atroces est commise par un tueur déguisé en Père Noël. Cinquante plus tard, un jeune auteur de comics tourmenté décide d’interviewé ce tueur soi-disant déviant qui clame son innocence depuis des décennies. Alors que Noël approche, le passé s’invite de façon macabre.
Intime, personnel et oppressant
James Tynion IV livre avec Le Déviant sans doute son récit le plus personnel et son thriller le plus oppressant. L’auteur semble avoir mis beaucoup de lui dans Mickael, ce jeune auteur en plein questionnement sur sa vie personnel, l’évolution du regard porté sur les homosexuels, sur la vérité travestie, sur les histoires qui arrangent.
Une écriture remarquablement juste
Le scénariste alterne les séquences absolument terrifiantes, notamment dans le passé, et les scènes d’échanges particulièrement bien dialoguées où l’ambiguïté et une forme de confiance s’installent de façon étrange entre le tueur présumé et Mickael. La tension monte crescendo et les questionnements s’immiscent petit à petit dans l’esprit du lecteur, captivé. En parallèle, James Tynion IV livre l’intimité de Mickael et les doutes qui l’accompagnent à travers son couple ainsi que ses échanges avec le tueur présumé. Son écriture est juste et marquante.
Un artiste en symbiose avec l’atmosphère du récit
Joshua Hixson est un artiste qui adore se plonger dans la représentation de l’horreur qu’elle soit psychologique ou graphique. Depuis The Plot ou Shanghai Red, l’artiste a épuré son trait et affuté ses effets. Sa mise en page est délicieusement glaçante, ses scènes d’horreur sont un vrai choc pour le lecteur et sa palette de couleurs est remarquable, créant une ambiance hivernale délectable et inquiétante. Le format Urban proposé met d’ailleurs totalement en valeur son travail.
Ce premier volume installe remarquablement un récit qui prend son temps. C’est pourquoi l’on peut penser que proposer l’intégrale que la mini-série (9 épisodes) aurait été plus pertinent de la part de l’éditeur.
Avec Le Déviant, James Tynion livre un thriller intime, personnel et oppressant que l’impeccable Joshua Hixson magnifie de son sens du terrifiant. Un premier tome très réussi !