Le Mythe de l’ossuaire, l’univers horrifique imaginé par Jeff Lemire et Andrea Sorrentino, se poursuit avec une nouvelle maxi-série qui fait suite au Passage et à Des Milliers de plumes noires. Et si Les Résidents met du temps à démarrer, il finit par convaincre.
Jeff Lemire décide de prendre davantage ses aises en s’octroyant dix épisodes pour un récit qui voit une poignée d’habitants d’un HLM, qui se connaissent peu et que tout oppose, devoir coopérer alors que, suite à la mort de l’un voisin, des phénomènes étranges surviennent autour d’eux.
Du réel au surnaturel
Comme dans les deux premières créations du Mythe de l’ossuaire, Jeff Lemire fait basculer dans le surnaturel le destin de ses personnages. Alors que ces derniers se trouvent englués dans leur quotidien morose, le geste de l’un d’entre eux va tout bouleverser. Lien – très ténu, pour le moment – entre les titres du Mythe de l’ossuaire : les passages qui relient le monde réel et le surnaturel. Nous n’avons pas, pour l’instant, réellement un univers partagé.
Long à démarrer
Dans une première moitié un peu longuette, Jeff Lemire empile les mystères de façon un poil artificielle, comme il a pris l’habitude de le faire dans plusieurs séries récentes. Puis arrive l’épisode sept, écrit tel une sorte de sombre thriller, qui révèle des éléments sur le Mythe et fournit des explications.
Le récit devient alors davantage convaincant, se dotant d’une vraie tension dramatique et offrant une ampleur inédite à l’univers. Le scénariste profite alors de son espace augmenté pour développer les personnages parvenant à leur donner une belle épaisseur et des caractérisations variées plutôt bien mises en forme. Jeff Lemire achève son histoire de façon touchante, permettant au lecteur de quitter Les résidents avec une impression positive.
Oppressant et inquiétant
L’un des points forts des Résidents est bien sûr la partie graphique d’Andrea Sorrentino qui offre toujours des planches à la mise en page léchée et aux teintes surnaturelles délicieusement inquiétantes. L’artiste travaille impeccablement ses designs de personnages et de créatures qu’il fait évoluer dans des décors réels ou fantastiques qui imposent des ambiances souvent très oppressantes.
S’il possède encore le côté artificiel des titres du Mythe de l’ossuaire et pâtit d’une mise en place un peu longuette, Les Résidents gagne en force au fil du récit et finit par convaincre !