A la tête de ComiXology Originals depuis onze ans – avant son départ récent – Chip Mosher est tombé amoureux du format Franco-Belge après un passage au FIBD. En compagnie du dessinateur Peter Krause (Irrécupérable avec Mark Waid) et de la coloriste Guilia Brusco, il s’est lancé dans l’écriture d’un thriller édité en financement participatif aux USA. Avant une salve de titres issus de ComiXology Originals prévus pour les mois à venir, Delcourt propose aujourd’hui Blacking Out dans le fameux format Franco-Belge 48 pages !
Conrad, un ex-flic alcoolique, tente une rédemption en résolvant une ancienne affaire de meurtre qui fut son ultime boulot sous l’uniforme. Le corps de Karen Littleton fut retrouvée dans un incendie de forêt et tout semblait désigner son père comme coupable. Conrad est missionné par l’avocat de celui-ci pour le disculper mais la piste suivie ne va être sans surprise.
Chip Mosher propose un déroulé d’intrigue classique mais le fait avec talent et efficacité. L’installation du personnage et de l’ambiance est impeccable, le scénariste entrant immédiatement dans le vif du sujet. Déroulant le fil de son histoire de façon rythmée et distillant mystères et questionnements, Chip Mosher emmène petit à petit le lecteur vers une résolution qui surprend et fait toute l’originalité de Blacking Out !
Entretemps, Chip Mosher a construit tout un univers autour de Conrad : son alcoolisme dont il essaye de se défaire, une nouvelle idylle, un passé sulfureux…autant d’éléments bien écrits et qui apportent cette patte poisseuse à Blacking Out mais que le format 48 pages, souhaité par l’auteur, empêche malheureusement de développer totalement. On aurait aimé que Chip Mosher étoffe davantage les lourds bagages que porte son personnage.
Peter Krause et Guilia Brusco réalisent un travail remarquable. Le dessinateur mêle tradition Franco-Belge et Comics dans son découpage. Rythmant parfaitement le récit, son dessin se montre détaillé et immersif. Âpre quand il le faut, il donne une force supplémentaire au thriller de Chip Mosher. La coloriste, que l’on a déjà adoré sur Goodnight Paradise, propose des teintes subtiles, travaillant habillement les ombres et les ambiances !
S’il pâtit quelque peu de son format 48 pages, souhaité par les auteurs, Blacking Out se révèle être un thriller très efficace et remarquablement dessiné qui trouve toute son originalité dans un twist final inattendu ! Une très bonne lecture !