Après Locust, Massimo Rosi revient avec un récit court, nerveux et touchant réalisé en compagnie du dessinateur italien Nicola Izzo. L’auteur entraine le lecteur dans une histoire fantastique immergée dans la culture Inuit.
Lorsque les premiers hommes sont apparus, ils ont exterminé les autres peuplades. Parmi eux, les géants, plus communément appelés Inuits. Afin d’éviter d’être massacrés, les géants fuient dans les terres hostiles du nord, notamment l’une d’entre elle, enceinte jusqu’au cou et emplie d’une totale volonté de vengeance.
Plongée dans un univers hostile
Comme dans Locust, l’auteur plonge ses protagonistes dans un environnement hostile dans lequel ils vont devoir survivre. D’une violence gore, le récit de Massimo Rosi puise ses forces dans sa nervosité, son héroïne résiliente et son dessin ébouriffant. Si de prime abord, l’action domine avec un enchainement de scènes d’action percutantes, le récit se focalise sur l’odyssée de son héroïne et sa farouche volonté de survie !
Les horreurs dont les hommes sont capables
Dans cette bande dessinée quasiment muette, l’auteur s’appuie sur des éléments de culture Inuit pour donner un background concret et émouvant à son héroïne, et parle de résilience, de deuil, de transmission, de maternité au fil de ce road movie glacial. L’auteur évoque également, comme dans nombre de ses œuvres, l’horreur dont sont capables les hommes pour assouvir leur éternelle soif de conquête, de richesse et de violence, ainsi que leur capacité à asservir des peuples voire à les exterminer, ainsi qu’à détruire la nature. Derrière ce récit d’action survitaminé, le propos est fort et vise dans le mille. Inquiet mais porteur d’espoir !
Un storytelling impeccable !
Avare en dialogue et en cartouche, Inuit est porté par le formidable travail de Nicola Izzo ! Par sa narration graphique impeccable, l’artiste rythme à merveille le récit et se montre d’une parfaite lisibilité. En s’emparant totalement de l’iconographie Inuit fantastique et du contexte nordique, Nicola Izzo plonge idéalement le lecteur dans l’ambiance glacée et inquiétante du récit. Ses designs exubérants et sa facilité à s’adonner au gore apportent une force supplémentaire, de la même façon que le soin qu’il apporte à l’expressivité des personnages amène de fortes émotions. Les couleurs bleutées de Lorenzo Palombo, très réussies, accentuent l’aspect fantastique de l’histoire de Massimo Rosi ! Une partie graphique remarquable !
Avec son récit de survie inquiet mais porteur d’espoir, Massimo Rosi offre à Nicola Izzo un immense terrain de jeu que le dessinateur exploite à merveille ! Nerveux et pertinent, Inuit séduit fortement !