Brian Azzarello et Eduardo Risso, le duo à l’origine de 100 Bullets revient chez DSTLRY et Delcourt pour La ballade des frères Blood, un western à la fois sombre et intimiste.
Le Far West de la fin du XIXe siècle. Trois enfants traversent la frontière sauvage du Texas pour secourir leur mère, kidnappée par un impitoyable groupe de hors-la-loi, qui ont aussi assassiné leur père, le pasteur du village. Ce chemin sera pavé de violence et de drames.
Un récit sombre et humain
Après quelques titres plutôt moyens (Batman Damned, Suicide Squad Get Joker, American Monster,…), Brian Azzarello revient en grande forme avec un récit qui reprend des éléments classiques du western tout en concoctant en parallèle un récit plus intimiste autour des frères Blood, ces trois enfants abandonnés qui partent seuls à la recherche de leur mère.
Deux faces d’une même médaille
Brian Azzarello tisse un double récit dont les deux trames ont pour point commun l’impitoyable violence des hommes et de la nature qui ne fait de cadeaux à personne. Les odyssées des kidnappeurs et des enfants sont remarquablement écrites, à la fois sous le prisme du bandit sans scrupules du Far West et à hauteur d’enfant. L’intérêt individuel et la cruauté humaine ne laissent aucune place à l’empathie et aux émotions d’un côté quand sur l’autre face de la pièce, apparaissent les sentiments les plus forts. L’appât du gain et l’instinct de survie s’opposent l’amour filial et au besoin d’humanité. Mais tout n’est pas noir ou blanc ! Chacun sera bien obligé de faire bouger ses frontières morales.
Des personnages en tons de gris
Le scénariste écrit des personnages aux belles aspérités, ce qui ne peut laisser le lecteur indifférent, qu’il ressente un sentiment de dégout ou encore de forte empathie. A travers eux, Brian Azzarello conte la quête d’apprentissage des frères Blood qui gouttent au sentiment de peur comme au parfum des premiers émois amoureux ou à la brutalité de la mort, et narre la réalité cruelle de l’Amérique de cette période. Le sort des Indiens autochtones, l’espoir des pionniers enquête de fortune, ce qui fait une famille ou encore l’innocence des enfants sont autant de thèmes qui enrichissent également le récit.
Sublimes aquarelles
Laissant un temps de côté son style caractéristique en aplats de noir, Eduardo Risso livre des aquarelles sublimes ! Malgré des teintes plutôt chaleureuses, que l’on ne s’y trompe pas, l’atmosphère est très sombre et certaines scènes sont parfois visuellement très dures. L’artiste saisit parfaitement l’aridité des paysages et le dénuement des lieux traversés, ainsi que la cruauté des humains. Ses designs de personnages sont parfaits et Eduardo Risso travaille idéalement l’expressivité de ces derniers, qu’ils soient dévorés par la haine ou émus aux larmes. Le dessinateur s’était auparavant montré excellent dans la mise en page, c’est encore le cas ici. Un total régal pour les yeux !
On notera la très belle édition proposée par l’éditeur avec un dos rond et de nombreuses couvertures en bonus.
La ballade des frères Blood est un western sombre et humain qui remet tout en haut le duo Brian Azzarello et Eduardo Risso ! Sublime !