Avant Celui que tu aimes dans les ténèbres, avant Ain’t no grave, le formidable trio Skottie Young – Jorge Corona – Jean-François Beaulieu a commis une série tout bonnement excellente : Middlewest !
En 18 épisodes, Skottie Young livre une quête initiatique d’une grande richesse et d’une belle justesse d’écriture.
Un richesse de thèmes abordés avec justesse
Dans un monde Fantasy qui trouve son origine dans le Middlewest où vécut le scénariste, le lecteur suit Abel, un jeune ado obligé de fuir son foyer en raison des accès de colère de son père qui, un soir, de fureur se transforme en une sorte d’orage maléfique ! Mais cette malédiction serait-elle héréditaire ?
Dans Middlewest, Skottie Young aborde une multitude de thèmes : la famille, l’amitié, la solidarité, la violence, l’acceptation de soi. Au fil d’une histoire qui voit son personnage principal se transformer, le scénariste insère parfaitement ces thèmes dans le déroulé de son scénario qui, tout en évoluant fortement, conserve une grande cohérence.
Des personnages choyés
Si l’univers implique des éléments de Fantasy pertinents, ce sont surtout ses personnages que Skottie Young travaillent particulièrement. L’auteur propose une galerie de protagonistes secondaires extrêmement riche et variée. Chacun possède un rôle non négligeable et apporte sa pierre à la quête initiatique d’Abel. Car c’est bien lui le coeur de Middlewest ! Entre le début et la fin de la série, le jeune garçon change radicalement, passant d’un enfant tourmenté, solitaire et égaré à un adolescent bien décidé à choisir sa voie, entouré d’une famille et avec davantage de certitude. Tentant de se libérer de sa colère, Abel se découvre lui-même et découvre les autres et ce qu’ils peuvent s’apporter mutuellement. Cette évolution est remarquablement écrite, faisant d’Abel un personnage attachant que le lecteur grave dans sa mémoire pour longtemps. A travers son parcours, l’auteur parvient à émouvoir sans faire de pathos superflu.
Une partie graphique à se pâmer
Mais Middlewest ne serait pas aussi excellent sans la partie graphique de Jorge Corona et Jean-François Beaulieu. Inventives, puissantes et touchantes, les planches de l’artiste bénéficient d’une composition léchée qui rythme remarquablement le récit. L’artiste travaille richement ses environnements et ses designs de personnages et se montre pertinent aussi bien dans les moments intimes que les instants de fureur ! Et que dire des couleurs toujours plus belles de Jean-François Beaulieu ! Le coloriste canadien réalise un travail prodigieux, inventant des ambiances tantôt douces, tantôt ardentes ! Un régal pour les yeux !
Après une première édition dans le format Urban Link visant un large public, le grand format proposé par Urban Comics est sublime et permet de profiter pleinement des planches ! Assez onéreux, ce format vise évidemment un public adulte à la bourse assez rondelette mais que c’est une chouette édition !
Middlewest est un énorme coup de coeur de par l’écriture de ses personnages, les thèmes abordés avec justesse et sa partie graphique à se pâmer !