Ram V ne nous a jamais déçu dans ses créations indépendantes. Blue in green, Toutes les morts de Laila Starr, Grafity’s Wall, These Savage Shores ou encore Le dernier festin de Rubin ont été des lectures marquantes et pour certains d’entre elles, de véritables coups de cœur !
Dawnrunner, sa nouvelle création, en compagnie du dessinateur Evan Cagle et du coloriste Dave Stewart, se révèle être une excellente lecture. Ram V entraine son lecteur dans un récit de science-fiction aux influences évidentes tout en y apposant sa patte intimiste et poétique.
Il y a un siècle, un portail s’est ouvert en Amérique Centrale. Des monstres géants, les Tetzas, sont apparus à travers ce passage et ont changé le monde tel que les humains le connaissaient. Anita Marr est la meilleure pilote d’Iron Kings, ces robots géants utilisés par les humains dans leur lutte contre les Tetzas. Sa vie bascule lorsqu’on lui propose de tester un tout nouveau prototype révolutionnaire…
Merveilleuse partie graphique
Les auteurs plongent le lecteur dans un récit à la fois spectaculaire et introspectif qui, de prime abord, attire de par la promesse d’un mix d’Evangelion et de Pacific Rim. Le dessin d’Evan Cagle, connu pour ses couvertures de comics et dont ce sont les premières pages intérieures, est bien la merveille annoncée mais pas uniquement pour les scènes d’action impressionnantes. L’artiste livre des planches libérées de l’action tout aussi sublimes, voire même davantage.
Méchas et poésie
Evan Cagle est un amoureux de méchas et l’on sent dans l’élaboration des designs de robots ce souci du détail de l’aficionado. Ses séquences de combat sont violentes et sanglantes à souhait mais manquent parfois de lisibilité dans leur mise en scène. Dans les moments plus posés, son trait fin et doux est un régal. Toujours aussi détaillé dans les décors, son dessin trouve alors une force émotionnelle incroyable, notamment lorsque les relations entre les personnages tendent vers la fusion. La poésie insufflée dans son récit par Ram V trouve alors une traduction merveilleuse. L’artiste est épaulé aux couleurs par l’une des pointures du milieu. Dave Stewart livre des teintes très subtiles, offrant une incandescence aux scènes explosives et un lyrisme fou aux moments introspectifs.
L’édition grand format soignée proposé par HiComics met parfaitement en valeur le travail des artistes.
Une écriture des personnages subtile et touchante
Ram V trouve un juste équilibre dans son scénario entre action et introspection. Le premier volet emprunte les pas d’autres œuvres portées à l’écran ou couchées sur papier, auxquelles il ajoute quelques idées comme le fait de faire de tout un spectacle et une compétition entre les individus ou la soif de pouvoir qui habite les hommes. Mais c’est dans l’écriture de ses personnages et leurs relations que l’auteur séduit totalement. Les liens qui unissent Anita et sa fille, la pilote et son assistante, ainsi que ceux, virtuels, qu’elle tisse avec son mécha sont remarquablement écrits. Comme dans plusieurs de ses œuvres précédentes, Ram V trouve une émotion subtile qui se teinte d’effluves poétiques et métaphysiques.
L’auteur achève son récit dans une atmosphère mélancolique remarquable.
Ram V et Evan Cagle livrent un récit à la fois spectaculaire et introspectif très réussi ! Le dessinateur propose des planches sublimes qui traduisent toute la poésie de l’écriture du scénariste.