Golem (VF – Glénat Comics)

Fiche technique

Auteur: LRNZ

Glénat Comics – Format souple – 280 pages – 24,95€

Disponible depuis le 13/01/2016

Présentation de l’album par Glénat Comics:

Prédire l’avenir pour combattre le présent…

Steno ne peut pas s’arrêter de rêver. Pour une raison quelconque, dans un monde où le moindre besoin est déjà satisfait par le « système », Steno sent qu’il devra, tôt ou tard, réaliser son rêve par lui-même. Il n’imagine alors pas que le monde entier a besoin de lui, de cette capacité à rêver…

Satire sociale, parabole politique sur la fin de l’économie mondiale, dystopie sur la conquête du monde par les nanomachines… Pour son premier roman graphique au long cours, Ceccotti Lorenzo, alias LRNZ, signe un récit d’anticipation ambitieux, surprenant et complètement maîtrisé en s’inscrivant dans un registre graphique élégant et virtuose.


Golem a suscité de nombreuses réactions ici et là au moment de l’annonce de sa sortie, du genre « mais c’est pas du comics », « l’auteur est inconnu, et même pas américain », etc. J’avais donc envie de revenir sur ce point avant de vous livrer mon avis. Golem est-il un comics?

J’ai pu entendre ou lire que Golem ne respecte pas le « format » d’un comics. D’accord, mais de quel format parle-t-on? Celui de singles d’une vingtaine de pages se terminant par un cliffhanger pour vous pousser à revenir au numéro suivant, où celui d’un graphic novel, relié d’une centaine de pages ou plus livré d’un seul bloc, comme Rage of Ultron chez Marvel ou Batman Earth One chez DC, pour ne citer qu’eux? Si on devait le classer absolument, Golem rejoindrait le cas des Graphic Novels, qui, jusqu’à preuve du contraire, sont bien des comics.

Alors on me dit que Golem ne traite pas des thématiques des comics. Là encore, qu’on m’explique quelles sont ces thématiques. Les super héros? Les récits de SF oniriques comme Trilium? Les zombies et la survie de The Walking Dead? L’amour, la tolérance, l’engagement que prônent The Infinite Loop? Et puisqu’on y est, parlons de l’aspect graphique, et du découpage des planches, qui ne seraient pas « comics », mais plutôt « manga ». David Mack et son Kabuki apprécieront. Trilium, Watchmen (et son gaufrier) également.

J’ai donc choisi concernant Golem, comme je l’avais fait pour Orphelins, un de mes gros coups de cœur personnels de 2015, d’aller voir le produit, et, aussi incroyable que cela puisse paraître, de le lire avant de le condamner. Après lecture, je ne le classerais pas dans les mangas, ni dans la BD « Franco-Belge », mais, s’il fallait absolument faire un choix et le mettre dans une case, plutôt dans les comics, dans cette étagère qui contient les projets un peu à part, comme Building Stories, Kabuki, Shaolin Cowboy et leurs cousins. Maintenant, la question est de savoir ce que j’en ai pensé…

Le départ m’a plutôt emballé, le contexte, notamment social et politique, dans lequel LRNZ place ses personnages a éveillé ma curiosité et je me suis laissé embarquer volontiers. Mais, je dirais à partir de la moitié du livre, les choses deviennent plus confuses, les personnages et l’intrigue perdent en clarté, et on se demande comment le scénariste va bien réussir à se dépêtrer du sac de nœuds dans lequel il s’est mis tout seul. Et c’est dommage, même si c’est sans doute à imputer au fait qu’il s’agisse d’une première œuvre pour l’auteur. La fin m’a donc laissé sur ma faim, je l’ai trouvée bancale, plutôt mal ficelée et décevante par rapport à ce que l’on pouvait attendre au vu de l’ouverture du livre. Peut-être devrais-je accorder une deuxième lecture à Golem, car cette déception est nuancée par cette sensation d’avoir peut-être raté quelque chose à un moment de l’histoire.

Graphiquement, j’ai été séduit par le travail de Lorenzo Ceccotti, puisque c’est le vrai nom de LRNZ, notamment par les planches qui représentent les rêves de Steno, absolument somptueuses. Le reste de l’album est moins surprenant mais reste tout de même très agréable à regarder. Le tout colle bien à l’intrigue, à son rythme et à son atmosphère.

Au fond, ce qui  me plait beaucoup moins avec cet album, c’est l’objet en lui même. Et son prix. Si je dois mettre 24,95€ dans un album, j’attends au minimum qu’il soit doté d’une couverture rigide, ou garni de bonus. Or là, nous n’avons ni l’un ni l’autre, et, même si nous avons 280 pages de BD, le prix est bien trop élevé à mon goût. La sur-couverture à rabats disposée sur le livre m’a elle aussi dérangée par son format, qui couvre à peu près les 2/3 du format de l’album, et qui n’est vraiment pas pratique à manier! Sans compter que contrairement à Orphelins, qui est également proposé en format souple, nous ne retrouvons pas la même qualité de fabrication sur Golem, que j’avais parfois des craintes à manipuler et qui me semble trop fragile. Tout cela est très personnel, mais c’est pour moi la première vraie déception concernant l’édition d’un album par Glénat Comics.

En bref, Golem est un graphic novel assez entraînant dans sa première partie, avant de devenir moins fluide et plus confus. Graphiquement, le travail de LRNZ est intéressant, en particulier sur les planches de rêves, mais l’édition et le prix de cet album m’empêchent de vous le conseiller réellement.