Daniel Freedman : « J’aime construire un monde, mais sans le noyau émotionnel, ce n’est qu’un tas de choses. »

Le scénariste des excellents Kali, Raiders et Birdking livre sa vision de l’écriture de comicbooks et parle de sa collaboration avec Robert Sammelin et Crom.

For English speakers, please find lower the interview in its original version.


Parcours Artistique

Quel a été votre parcours pour devenir scénariste de bandes dessinées ?

Daniel Freedman : C’est une longue histoire, mais elle commence comme pour tout autre écrivain, par l’écriture d’un scénario. Au départ, je voulais être cinéaste et j’ai passé près d’une décennie dans les tranchées d’Hollywood. C’est à cette époque que j’ai rencontré l’artiste Tomm Coker et que nous avons écrit ensemble un scénario intitulé Undying Love. Nous l’avons transformé en bande dessinée en 2011 et avons vendu le film la même année à WB. Après des années passées à écrire des films qui n’ont jamais été réalisés, je me suis recentré sur les bandes dessinées et je ne travaille plus que dans ce domaine, car il est beaucoup plus créatif et satisfaisant. Je préfère les bandes dessinées parce que j’ai le pouvoir et que je n’ai pas besoin de demander la permission, la validation ou l’argent de quelqu’un d’autre pour faire mon art.

Kali – Dessin & couleurs : Robert Sammelin

Vos comics vont de la Dark Fantasy au thriller. Quelles sont les lectures, films, … qui ont nourri votre imaginaire de scénariste ?

Daniel Freedman : Mes inspirations sont très variées. Je suis sûr qu’il est évident que j’aime les films de George Miller, Quentin Tarantino et Francis Ford Coppola. Road Warrior, Conan le Barbare et Apocalypse Now sont mes films préférés. En ce qui concerne la littérature, je suis profondément inspiré par Le livre du nouveau soleil de Gene Wolfe et par la série La compagnie noire de Glen Cook. J’ai également grandi en lisant Bret Easton Ellis, Anne Rice et Frank Herbert. En ce qui concerne les bandes dessinées, les œuvres de Moebius, Geoff Darrow et Frank Miller ont toutes fait une forte impression sur moi lorsque j’étais enfant. Mes artistes préférés de tous les temps sont Frank Frazetta et Gustav Klimt.

Ecriture

En France, nous vous connaissons à travers Kali réalisé avec Robert Sammelin qui vient de sortir chez HiComics, ainsi qu’avec Raiders puis Birdking réalisés avec Crom. Comment concevez-vous vos histoires ? Par une idée d’univers ? A partir de personnages que vous développez ? A partir d’une histoire qui pourrait se retrouver dans deux univers radicalement différents ?

Daniel Freedman : Chaque histoire est différente, mais elle commence généralement par une idée de fin, puis je travaille à rebours. J’ai tendance à travailler de manière sentimentale, en laissant mes émotions inexprimées mener l’histoire à son terme. Parfois, j’ai la vision d’un monde entier et parfois, il s’agit davantage d’un processus façonné par le développement des images avec un artiste. Pour Kali, j’avais beaucoup de colère à expulser et Kali est devenue l’avatar de ma fureur. Robert Sammelin a parfaitement canalisé mes sentiments dans les dessins. Pour Birdking, c’était tout à fait différent. Crom m’a présenté le design du personnage et m’a demandé d’écrire une histoire pour lui.

Kali – Dessin & couleurs : Robert Sammelin

Si vos bandes dessinées se déroulent dans des univers aux mythologies originales qui à eux seuls peuvent attirer des lecteurs, j’ai l’impression que l’écriture des personnages, auxquels on s’attache très rapidement, est quelque chose que vous soignez particulièrement et que ce sont eux, en fait, le cœur de votre écriture ? 

Daniel Freedman : Oui, les personnages sont le cœur de l’histoire pour moi. J’aime construire le monde, mais sans le noyau émotionnel, ce n’est qu’un tas de choses. J’ai besoin de m’intéresser à un être humain pour m’investir dans une histoire. La perte, la tristesse et la colère sont des émotions universelles. C’est de cela que parlent mes histoires. Même si j’explore la dark fantasy ou la science-fiction, je veux que le lecteur soit en résonance avec ce que vivent les personnages et pour cela, l’histoire doit avoir un cœur humain qui bat.

Robert Sammelin et Crom sont des artistes au style radicalement différents. Votre écriture change-t-elle en fonction du dessinateur avec lequel vous travaillez ? De quelle façon ?

Daniel Freedman : Oui et non. Je suis très attiré par l’action et je crois que c’est ce en quoi j’excelle. Pour moi, l’écriture, c’est plus que le dialogue, c’est la séquence d’images. Si vous regardez mes scénarios, vous verrez une décomposition très détaillée de chaque planche. Je ne comprends pas que les auteurs laissent à l’artiste le soin de résoudre tous les problèmes visuels. La façon dont l’histoire est racontée est aussi importante, sinon plus, que l’histoire elle-même. Avec Sammelin, j’essaie de le mettre constamment au défi de dessiner des choses qu’il n’a jamais faites auparavant. Angles de caméra, actions, perspectives. Je le pousse toujours à faire quelque chose d’apparemment impossible et il adore ce défi. Avec Crom, je me penche davantage sur le jeu et les performances des personnages, car il est très doué pour transmettre des émotions subtiles. Ainsi, bien que j’adopte toujours une approche axée sur l’action pour raconter mon histoire, je l’adapte également aux compétences de l’artiste.

Raiders – Dessin & couleurs : Crom

Kali

Laissez vous une grande liberté aux artistes avec lesquels vous travaillez ? Pour Kali, par exemple, la mise en page est particulièrement travaillée. Comment avez-vous travaillé dans ce domaine avec Robert Sammelin ?

Daniel Freedman : Outre la bande dessinée, j’ai été monteur de films pendant près de vingt ans. J’essaie d’intégrer mon expérience du montage dans mes scénarios. Je suis très attentif à chaque planche, car c’est la séquence d’images qui crée l’illusion de la vie. C’est très important et c’est un aspect important de mon écriture. Certaines personnes se plaignent que Kali n’est que de l’action, mais pour moi et Robert, l’action est l’histoire. Nous avons passé beaucoup de temps à perfectionner chaque planche pour montrer l’action dans la séquence. Notre objectif était de créer une action cinétique crédible à partir d’images statiques. Ce n’était pas une tâche facile. Robert prenait mon scénario et l’améliorait toujours. C’est un dessinateur brillant et je sais que je dois m’écarter de son chemin lorsqu’il commence à travailler.

Lors d’un échange entre Kali et un autre personnage qu’elle croise, vous questionnez les choix que font les gens lorsque le monde se tourne vers des orientions fascisantes, et où se mettre du côté du plus fort et conserver son confort personnel, quitte à renier ses idées, est plus facile. On peut y voir un reflet de notre époque troublée ? C’est un sujet fort que vous aimeriez davantage dans une autre bande dessinée ?

Daniel Freedman : J’ai été très ému par le livre Escape from Freedom d’Erich Fromm, dans lequel il explore les raisons pour lesquelles les gens sont attirés par les mouvements autoritaires. L’une des plus grandes révélations est la rapidité avec laquelle les idéaux et la morale sont abandonnés lorsqu’il s’agit de se préserver. L’individualisme est en fait le fardeau le plus lourd, car il fait peser sur l’individu la responsabilité de lui-même, et ce poids est trop lourd pour beaucoup. Le pouvoir est également très séduisant pour les faibles et ils sont prêts à vendre leurs amis et même leur famille s’ils peuvent en tirer quelque chose pour eux-mêmes. Les humains ne cessent d’étonner et de dégoûter. Je m’intéresse moins à la politique spécifique d’un moment donné qu’aux énergies qui traversent l’humanité à chaque fois. J’espère continuer à explorer ces thèmes et sujets dans d’autres œuvres.

Birdking Vol. 1 – Dessin & couleurs : Crom

Raiders et Birdking

Raiders et Birdking se déroulent dans un univers de Dark Fantasy avec des squelettes, des glaives, des flammes, des armures et des légendes. Il semblerait que vous vous soyez bien trouvé avec Crom dont l’univers graphique est tout à fait celui-là ! Qu’est-ce qui séduit tant dans ce genre d’univers ?

Daniel Freedman : Crom et moi avons tous deux une affinité pour tout ce qui touche à la dark fantasy. Dark Souls et Bloodborne ont tous deux changé notre vie. J’aime aussi Conan, Elric et bien d’autres anti-héros sombres. J’aime la fantasy parce qu’elle permet d’échapper à la banalité du monde moderne. Dans la vie réelle, il n’y a pas de quêtes sacrées, de grandes missions ou de destins prédestinés. Il n’y a pas d’anneaux magiques ou d’épées voleuses d’âme dans le monde réel. Pas de monstre à trouver. Pas de magie à découvrir. Pas de secrets anciens. Mais dans le monde fantastique, tout est spécial. Tout a une signification et un but. Chaque vêtement, arme ou bijou a une histoire. Rien n’est produit en série et estampillé pour la consommation de masse. Aussi violents, effrayants et horribles que puissent être ces mondes fantastiques sombres, ils offrent aussi de l’aventure et une existence honorable. Votre sang, votre sueur et vos larmes peuvent être mis au service de quelque chose de grand et de substantiel. De plus, c’est vraiment amusant de partir pour une mission dangereuse et de surmonter de grands obstacles pour atteindre un plus grand sens de soi. La fantasy me donne la possibilité de me libérer des chaînes du « présent ».

Birdking Vol. 1 – Dessin & couleurs : Crom

Même si elle a dû grandir plus vite que la majorité des enfants en raison de ce qu’elle a vécu, Bianca, l’héroïne de Birdking, est une jeune adolescente. Ecrire des jeunes personnages est souvent difficile. Vous êtes vous posé la question de comment écrire un jeune personnage différemment d’un adulte ? Cela a-t-il été une difficulté ? Sur quels points appuyer particulièrement pour écrire un jeune personnage, d’après vous ?

Daniel Freedman : Je trouve que les jeunes personnages sont plus faciles à écrire parce qu’ils sont purs et innocents. Leur compréhension du monde est plus simple et, pour cette raison, ils ne sont pas aussi complexes qu’un anti-héros bien trempé. Ils n’ont pas les désirs contradictoires d’un adulte. Bianca, en particulier, est une personne qui a grandi dans l’isolement et qui ne sait presque rien du reste du monde. Elle est donc naïve. Au fur et à mesure que l’histoire se déroule et qu’elle découvre les complexités du monde, j’espère qu’elle deviendra un personnage plus nuancé et plus réfléchi. Je pense qu’il est important que les jeunes personnages agissent comme des jeunes personnages, qu’ils agissent de manière impulsive, qu’ils ressentent intensément leurs émotions et qu’ils poursuivent leurs intérêts en dépit de tous les avertissements. Ce qui manque aux jeunes personnages en termes de sagesse et d’expérience, ils le compensent par leur passion et leur sincérité.

Projets et lectures

Birdking est prévu pour 3 volumes ?

Daniel Freedman : C’est 4 volumes maintenant. À l’origine, il y en avait trois, mais le volume 3 est devenu trop gros et a été séparé en deux. Nous avons terminé le volume 3 au début de l’année et nous travaillons actuellement sur le dernier volet.

Birdking Vol. 1 – Dessin & couleurs : Crom

Avez-vous d’autres projets à venir ?

Daniel Freedman : Je suis en train de terminer un recueil de nouvelles avec un groupe éclectique d’artistes du monde entier et je commence une nouvelle épopée fantastique avec Robert Sammelin. Si vous voulez en savoir plus, vous pouvez jeter un oeil à mon substack ! (https://bandittown.substack.com/)

Quelles sont les bandes dessinées que vous lisez actuellement ? Des coups de cœur ?

Daniel Freedman : Je viens de terminer la lecture de Providence d’Alan Moore et Jacen Burrows et je l’ai beaucoup appréciée. Je viens également de terminer Black Fire de Hernan Rodriguez ainsi que Rain Like Hammers de Brandon Graham. Les deux prochains livres que je lirai seront le nouveau Shaolin Cowboy de Geoff Darrow et Darkly She Goes de Hubert et Vincent Mallie.

Entretien réalisé par échange de mails. Merci à Daniel Freedman pour sa disponibilité et sa grande gentillesse !


The writer of the excellent Kali, Raiders and Birdking shares his vision of writing comicbooks and talks about his collaboration with Robert Sammelin and Crom.

Artistic path

What was your path to becoming a comics scriptwriter?

Daniel Freedman : Its a long story but its starts like any other writer, with writing a script. I initially wanted to be a filmmaker and spent nearly a decade in the hollywood trenches. It was during this time that I connected with artist Tomm Coker and we wrote a script together called Undying Love. We turned it into a comic in 2011 and sold the film the same year to WB. After years of writing films that never got made, I switched my focus back to comics and now solely work in this medium as it is much more creatively free and fulfilling. I prefer comics because I have the power and do not need to ask for permission, validation or money from anyone else to make my art.

Your comics range from Dark Fantasy to thrillers. What books, films, etc. have fed your imagination as a writer?

Daniel Freedman : My inspirations run the gamut. I’m sure its quite obvious I love the films of George Miller, Quentin Tarantino and Francis Ford Coppola. Road Warrior, Conan the Barbarian and Apocalypse Now are my favorite moves ever made. As for literature, I am deeply inspired by The Book of the New Sun by Gene Wolfe and The Black Company series by Glen Cook. I also grew up reading Bret Easton Ellis, Anne Rice, and Frank Herbert. And for comics, the works of Moebius, Geoff Darrow and Frank Miller all made strong impressions on me as a kid. My favorite artists of all time are Frank Frazetta and Gustav Klimt.

Comics Writing

In France, we know you from Kali, produced with Robert Sammelin and just released by HiComics, as well as Raiders and Birdking, produced with Crom. How do you conceive your stories? From the idea of a universe? From characters you develop? From a story that could be found in radically different universes?

Daniel Freedman : Each story is different but it usually starts with an idea for an ending and then I work backwards. I tend to work from a sentimental place, letting my unexpressed emotions drive the story to completion. Sometimes I have a vision for a whole world and sometimes its more a process shaped by developing the visuals with an artist. For Kali, I had a lot of anger I needed to expel and Kali became the avatar of my fury. Robert Sammelin perfectly channeled my feelings into the designs. For Birdking, it was quite different, Crom came to me with the design of the character and asked me to write a story for him.

If your comics take place in universes with original mythologies that alone can attract readers, I have the impression that the writing of the characters, to whom we quickly become attached, is something you pay particular attention to and that they are, in fact, the heart of your writing? 

Daniel Freedman : Yes, the characters are the heart for me. I love world building but without the emotional core, its just a bunch of stuff. I need a human to care about to get invested in a story. Loss, sadness, and anger, are all universal emotions. Thats what my stories are about. Even if I am exploring dark fantasy or science fiction, I want the reader to resonate with what the characters are experiencing and to do that, the story has to have a beating human heart.

Robert Sammelin and Crom are artists with radically different styles. Does your writing change depending on the artist you’re working with? In what way?

Daniel Freedman : Yes and no. I am very attracted to action and believe its what I excel at. Writing to me is more than the dialogue, its the actual sequence of images. If you look at my scripts, you will see a very detailed breakdown of each panel. I never understand how writers leave the artist to solve all the visual problems. The way the story is told, is as much, if not more important, than the story itself. With Sammelin, I try to constantly challenge him to draw things he has never done before. Camera angles, actions, perspectives. I am always pushing him to do something seemingly impossible and he loves the challenge. With Crom, I lean more into the acting and performances of the characters as he is very good at conveying subtle emotions. So while I always take an action heavy approach to my story telling, I will also tailor it to the artist’s skill set.

Kali

Do you allow the artists you work with a great deal of freedom? With Kali, for example, the layout is particularly elaborate. How did you work with Robert Sammelin in this area?

Daniel Freedman : In addition to comics, I have been a film editor for nearly twenty years. I try to bring my editing background into my scripting. I am very detailed about each panel as the sequence of images is what creates the illusion of life. This is very important and a big aspect of my writing. Some people complain Kali is just action, but for me, and Robert, the action is the story. We spent a long time perfecting every panel to show the next action in the sequence. Our goal was to create believable kinetic action with static still images. No easy task. Robert would take my script and always make it better. He’s a brilliant designer and I know to get out of his way once he gets going.

In an dialogue between Kali and another character she encounters, you question the choices people make when the world turns towards fascist directions, and when siding with the strongest and preserving personal comfort, even if it means denying one’s ideas, is easier. Is this a reflection of our troubled times? Is this a strong subject you’d like to developp more in another comic ?

Daniel Freedman : I was very moved by the book Escape from Freedom by Erich Fromm in which he explores why people are attracted to authoritarian movements. One of the biggest revelations is how fast ideals and morals are jettisoned when it comes to self preservation. Individualism is actually the heaviest burden as it places the responsibility of the self onto the individual and this weight is too much for too many. Power is also very alluring to the weak and they are willing to sell out their friends and even families if they can glean some of it for themselves. Humans never cease to amaze and disgust. I am less interested in the specific politics of any given moment and more interested in the energies that move through humanity time and time again. I hope to continue to explore these themes and topics in other works.

Raiders and Birdking

Raiders and Birdking are set in a Dark Fantasy world of skeletons, swords, flames, armor and legends. It would seem that you’ve found your complice with Crom, whose graphic universe is exactly that! What’s so appealing about this kind of universe?

Daniel Freedman : Crom and I both have an affinity for all things dark fantasy. Dark Souls and Bloodborne were both life changing for us. I also love Conan and Elric and many other dark anti heroes. I love fantasy because its an escape from the mundanity of the modern world. There are no holy quests, great missions, or destined fates in real life. There are no magic rings or soul stealing swords in the real world. No monster to find. No magic to discover. No ancient secrets. But in fantasy, everything is special. Everything has meaning and purpose. Every piece of clothing or weapon or jewelry has a story. Nothing is mass produced and factory stamped for mass consumption. As violent and scary and awful as these dark fantasy worlds can be, they also offer adventure and a honorable existence. Where your blood, sweat, and tears, can be in service of something great and substantial. Plus its just really fun to go on a dangerous mission and overcome great obstacles to achieve a higher sense of self. Fantasy allows me the chance to free myself from the shackles of “today.”

Bianca, the heroine of Birdking, is a young teenager, even though she’s had to grow up faster than most children because of what she’s been through. Writing young characters is often difficult. Did you ask yourself how you could write a young character differently from an adult? Was this a difficulty? What do you think are the most important points to bear in mind when writing a young character?

Daniel Freedman : I find young characters easier to write because they are pure and innocent. They are simpler in their understandings of the world and because of that, aren’t nearly as complex as a grizzled anti hero. They don’t have the conflicting desires of an adult. Bianca specifically is someone who has grown up in isolation and knows almost nothing about the larger world. She’s naive in this way. As the story unfolds and she learns about the complexities of the world, I hope a more nuanced and thoughtful character rises in her. I think it’s important that young characters act like young characters, that they act impulsively, feel their emotions intensely, and pursue their interests despite all warnings. What young characters lack in wisdom and experience, they make up for with passion and earnestness.

Projects and readings

Birdking is scheduled for 3 volumes ?

Daniel Freedman : It’s 4 Volumes now. Originally it was three but Vol 3 grew too big and has been separated into two. We finished Vol 3 earlier this year and are now working on the final installment.

Do you have any other upcoming projects?

Daniel Freedman : I am wrapping up a short story collection with an eclectic roster of artist from all over the world as well as starting a new fantasy epic with Robert Sammelin. For more information please follow my newsletter for free: https://bandittown.substack.com/

What are the comics you are currently reading? Any favorites?

Daniel Freedman : I just finished reading Providence by Alan Moore and Jacen Burrows and enjoyed it very much. Also just finished reading Black Fire from Hernan Rodriguez as well as Rain Like Hammers by Brandon Graham. Next two books for me will be the newest Shaolin Cowboy by Geoff Darrow and Darkly She Goes by Hubert and Vincent Mallie.

Interview made by email exchange. Thanks to Daniel Freedman for his availability and his great kindness.