Duo d’artistes auquel l’on doit quelques mythes de la bande dessinée américaine de super héros (Batman : Un Long Halloween & Amère Victoire, Spiderman Blue, Daredevil Yellow,…) Jeph Loeb & Tim Sale, proposait en 1999, leur vision des débuts du plus puissants des héros : Superman ! A travers quatre saisons, les auteurs content la trajectoire d’un jeune homme ordinaire qui deviendra le plus grand héros de la Terre.
Des thèmes universels
Au fil des quatre parties qui mènent Clark Kent de Smallville à Metropolis, de l’enfant recueilli par les Kent dans une fusée atterrie en plein champ au journaliste discret qui cache un héros, Jeph Loeb aborde pléthore de thèmes universels. La destinée de Clark mais aussi celle de Lana Lang, amène Loeb à parler du passage à l’âge adulte, de l’abandon des rêves de l’enfance, de la force de la famille, de l’insaisissable temps qui passe, de sa place dans la société qu’elle soit recroquevillée comme à Smallville ou anonyme comme à Metropolis.
Une narration habile
Le scénariste appose ses idées en usant d’une narration subtile. Jeph Loeb joue sur deux plans narratifs en choisissant un conteur différent à chaque épisode, tout en proposant une narration graphique en parallèle. Le procédé apporte un télescopage de points de vue qui génère beaucoup d’émotions et de richesses. L’auteur reprend aussi quelques scènes identiques à chaque épisode en imposant les changements qui évoquent l’évolution du personnage.
Une ambiance douce amère et des personnages finement écrits
For all seasons puise l’une de ses forces dans l’écriture fine de ses personnages. Les doutes, la candeur et la mélancolie qui habitent Clark, sa relation avec une Lana Lang émouvante et ses parents aimants, Lex Luthor, retors et cruel, Lois Lane, carriériste, sont remarquablement croqués. Jeph Loeb est un maitre dans la manière d’induire une ambiance douce amère dans son histoire et dans le cœur de ce personnage hors norme dont certaines répliques ont une puissance désarmante. Il écrit un héros à l’immense bonté et à la fragilité qui l’est tout autant.
Une sublime partie graphique
For all seasons est aussi le chef d’œuvre d’un duo d’artistes : Tim Sale et Bjarne Hansen. Le trait fin du premier, reconnaissable au premier coup d’œil, se lie de manière remarquable au rythme lent du récit de Jeph Loeb en usant de nombreuses double pages magnifiques ou en découpant ses pages en 3 ou 4 cases, rarement plus. L’artiste saisit parfaitement l’imagerie populaire légèrement surannée de l’Amérique rurale des années 30 en s’inspirant des peintures de Norman Rockwell, ainsi que le futurisme froid et anonyme de Metropolis. Tim Sale n’a pas son pareil pour immortaliser certaines représentations iconiques du personnage et ses planches sont remarquables dans leur mise en scène. Le coloriste danois, dont c’est l’un des rares travaux dans le bande dessinée américaine, réalise des merveilles avec ses teintes tantôt flamboyantes, tantôt sombres et inquiétantes.
Une partie graphique majestueuse et intemporelle !
Un chef d’œuvre et une grande histoire de Superman.