Akileos nous ravie de ses comics hors normes mais sait aussi proposer des bandes dessinées à l’ambiance et la forme variées, et toujours digne d’intérêt. C’est le cas de Versipelle qui s’inscrit dans le genre Fantasy, à mi-chemin entre l’aventure et la quête initiatique. Isabelle Bauthian est au scénario et Anne-Catherine Ott, aux dessins.
Après avoir lâchement assassiné Gunnulf, le meneur de loups, Harding s’empare de sa peau de Versipelle et la revêt, pensant ainsi s’approprier ses facultés. Mais un simple mortel ne saurait maîtriser un tel pouvoir. Rendu fou par la transformation, Harding doit fuir le village, semant la mort sur son passage. Sigfred, fils d’Harding et d’une louve, a qui devait revenir la peau de Versipelle se lance sur les traces de l’usurpateur en compagnie de sa meute et de Randi, une jeune orpheline qui parle aux esprits de la forêt.
Paru initialement en deux tomes, Versipelle revient dans une superbe intégrale proposée par Akileos. Le conte proposé par Isabelle Bauthian prend place dans les paysages nordiques froids et hostiles. Se côtoient dans ces contrées, homme-loups, magiciens, sorciers, guerriers pour un conte fantastique où se mêlent avec succès et équilibre, aventures vikings magiques et quête personnelle. Alors que les personnages ruminent leurs vengeances, Sigfred cherche sa place dans ce monde inhospitalier où sa caractéristique d’homme-loup ne peut que l’amener à se questionner sur lui-même.
Si les débuts du récit se font avec des contours un peu confus, le lecteur entre rapidement dans l’histoire pour ne plus en sortir qu’à regret tant la tension gagne une intrigue qui s’étoffe petit à petit. Isabelle Bauthian s’attache à l’aspect humain de ses personnages, scrutant leurs relations et leurs objectifs personnels. Les dotant d’une belle profondeur, la scénariste insuffle une forte dose de poésie qui culmine en une fin très touchante.
Versipelle est formidablement illustré par Anne-Catherine Ott. Ses paysages enneigés ou estivaux sont sublimes. La nature acquiert une place de choix dans ses planches. Ses dessins et ses couleurs flamboyantes rajoutent à la poésie et à l’onirisme qui parcourt déjà le récit. Une grande réussite graphique !
Vespirelle est un conte qui séduit par son mélange des genres et son humanité, ainsi que par sa partie graphique sublime.